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Histoires Web dimanche, juillet 7
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Le faux site Web ressemble à s’y méprendre à celui de Reporters sans frontières (RSF). La charte graphique copie méticuleusement l’original, seul le logo de l’organisation de défense de la presse est légèrement détourné. Sur ce faux site, l’ONG est rebaptisée Sectaires sans frontières. Elle est accusée de vouloir « modifier le paysage audiovisuel français selon sa vision du pluralisme » et d’être favorable à un « fichage des journalistes ». Des arguments rappelant ceux répétés à l’envi pendant plusieurs jours sur les plateaux de la galaxie médiatique de Vincent Bolloré – d’Europe 1 à CNews, ainsi qu’en une du Journal du dimanche, après la décision du Conseil d’Etat, le 13 février, demandant à l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom) de renforcer son contrôle sur le respect du pluralisme des radios et chaînes de télévision, y compris CNews.

RSF a publié jeudi 4 juillet une enquête démontrant que la société Progressif Media s’est livrée à plusieurs campagnes de discrédit la visant. D’abord, à travers une technique de « typosquatting », soit le fait d’acheter un nom de domaine proche d’un site Web connu afin d’en profiter. Au moins cinq noms de domaine ont été déposés pour cela. C’est d’ailleurs par hasard qu’Anne Bocandé, directrice éditoriale de RSF, est tombée sur la fausse adresse active le 17 avril, via un lien sponsorisé par Google.

En bas du communiqué, deux « contacts presse » sont autant de faux noms – Fabien Pensant et Maxime Erde – signalés pour des tentatives d’arnaques. « On a d’abord pensé à une blague potache, avant de réaliser qu’il s’agissait d’une importante opération de déstabilisation », raconte Thibaut Bruttin, directeur général adjoint de l’ONG. Car la page en question a été mise en ligne une semaine après la victoire que Christophe Deloire, secrétaire général de RSF, avait qualifiée d’« historique » devant le Conseil d’Etat.

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En menant l’enquête, RSF a trouvé le serveur, l’hébergeur et l’adresse IP du faux site. « Pour simplifier, en dessinant le portrait-robot technique de cette page, on s’est aperçu qu’il y avait un faisceau de suspicions très élevé qui nous amenait vers Progressif Media », raconte Arnaud Froger, responsable du bureau investigation de RSF. Progressif Media n’est pas une agence de communication comme une autre. A bien des égards, elle est liée au groupe Vivendi ainsi qu’à son premier actionnaire : Vincent Bolloré.

« Une entreprise de pollution du débat public »

Depuis 2022, Vivendi possède 8,5 % des parts de la société Progressif Media. A cela s’ajoute le fait qu’une proche de l’industriel breton, la productrice Chantal Barry, possède également des parts de l’agence. Aussi, la société de communication est installée au Vivendi Village, dans le 8e arrondissement de Paris. Enfin, si RSF n’est pas parvenu à savoir qui paie et qui est à l’initiative de cette campagne à son encontre, le document stratégique interne découvert porte le nom évocateur de « Reporting Vivendi ».

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