Le garçon de cinq ans blessé à la tête par des tirs samedi soir près de Rennes, lors d’une course-poursuite liée au trafic de drogue, restait toujours, lundi 28 octobre, entre la vie et la mort, a annoncé le parquet qui a ouvert une enquête pour tentative d’homicide.
Le père de l’enfant, qui habite Rennes, « alerté qu’un groupe d’hommes était à sa recherche, a souhaité le mettre à l’abri chez la mère de l’enfant, et s’y cacher également », indique dans un communiqué le procureur de la République de Rennes Frédéric Teillet. « Quittant son domicile, il s’est aperçu qu’un véhicule dont les occupants étaient cagoulés le suivait. Bien qu’il ait essayé de les semer, au moins l’un d’eux a ouvert le feu à plusieurs reprises sur son véhicule, touchant l’enfant à deux reprises à la tête » sur la commune de Pacé, au nord-ouest de Rennes, poursuit M. Teillet. « Opéré dimanche, puis de nouveau lundi matin, son état semble stabilisé mais le pronostic vital reste toujours engagé », souligne le procureur de Rennes.
Le parquet avait précisé dimanche que le père et son fils venaient de quitter le quartier rennais de Maurepas, où avaient eu lieu plus tôt dans la matinée des tirs d’armes à feu en rafale et où avaient été vus « un groupe d’hommes cagoulés dont l’un était porteur d’une arme à feu de type fusil-mitrailleur ». Le père, âgé de 29 ans selon une source policière, était connu de la justice pour trafic de drogue.
L’enquête a « permis d’établir des liens […] avec le trafic de stupéfiants du quartier de Maurepas », ajoute M. Teillet qui a ouvert une enquête pour « tentative d’homicide en bande organisée et association de malfaiteurs en vue de commettre un crime ». Les investigations sont confiées à la section de recherches et à la brigade de recherches de la gendarmerie ainsi qu’à la Division de la criminalité organisée et spécialisée (DCOS) de la police de Rennes et l’antenne locale de l’Office spécialisé dans la lutte contre le trafic de stupéfiants (OFAST). Ces services travaillent sous l’autorité de la Juridiction inter-régionale spécialisée dans la criminalité organisée (JIRS) de Rennes.
Annonce d’une visite du ministre de l’intérieur
La CRS 82, spécialisée dans les violences urbaines, a été déployée dans la nuit de dimanche à lundi, à la demande du ministre de l’intérieur Bruno Retailleau, « pour protéger les habitants des narcoracailles qui contrôlent ce quartier », a-t-il déclaré sur X.
Lundi matin, le calme régnait dans les allées du quartier de Maurepas où quelques fourgons et voitures de la police nationale étaient visibles, ont constaté des journalistes de l’Agence France-Presse. « Pendant un moment, le point de deal était juste devant l’entrée de l’immeuble », raconte une salariée travaillant à Maurepas. « Et puis on a installé une caméra de surveillance juste à cet endroit. Alors ils se sont juste déplacés là-bas, un peu plus loin », dit-elle.
La lutte contre le narcotrafic doit être « une grande priorité nationale », a déclaré lundi la maire socialiste de Rennes Nathalie Appéré, souhaitant « une lutte qui soit particulièrement organisée » avec notamment un « parquet national anti-stupéfiants ». « Au niveau national, nous sommes collectivement sous-outillés pour faire face à ce qu’est une criminalité organisée de plus en plus dangereuse », a-t-elle poursuivi, reprenant l’expression de « guerre » à mener contre le narcotrafic utilisée la veille par le ministre de l’intérieur.
Lundi soir, le nouveau préfet de Bretagne Amaury de Saint-Quentin s’est rendu dans le quartier de Maurepas, où étaient présents des fonctionnaires de la CRS 82, a constaté un journaliste de l’AFP. Ce secteur de Maurepas est « un des points chauds du trafic de drogue sur Rennes et sur lequel nous allons organiser un certain nombre d’opérations dans les jours et les semaines à venir pour mettre un terme et éradiquer donc ce trafic », a déclaré M. de Saint-Quentin. Interrogé par un journaliste, le préfet a indiqué que le ministre de l’intérieur « devrait prochainement venir ici, à Rennes », sans préciser de date.