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Histoires Web dimanche, mars 9
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Bernard-Henri Lévy est écrivain et philosophe. Nuit blanche, son dernier livre est paru chez Grasset en 2025.

Que reste-t-il de Camus ? Il n’est pas Sartre pour la philosophie. Ni Claudel pour le théâtre. Ni Céline pour le roman. Et il n’est pas certain que ses Actuelles aient le souffle du Bloc-Notes de Mauriac. Mais demeure un style. Une allure. Peut-être une posture. Et cela, déjà, suffit à un héritage.

Ah ! comme on lui a reproché cette posture ! Cette façon de sembler en train de poser devant un miroir, une chambre noire, un public ! C’est le Camus cabot dont se sont moqués les messieurs des Temps Modernes. C’est le Camus acteur confessant qu’une des joies de son existence fut de jouer lui-même, dans son adaptation des Possédés, le rôle d’Ivan Karamazov. C’est le Camus artiste dont on oublie qu’il a fait du dandy, dans L’Homme Révolté, l’une des figures séminales de la révolte. C’est le Camus dont Sartre note qu’« un dictateur violent et cérémonieux » a l’air de s’être installé en lui et dont les réponses à d’Astier de la Vigerie sur le scandale des camps soviétiques semblent soudain pompeuses, surjouées (je n’ai « pas appris la liberté dans Marx », mais « dans la misère »…). Mais c’est aussi le Camus qui sait qu’un homme « ça s’empêche » ; que, pour s’empêcher, il faut « se tenir » ; mais que cette tenue est aussi l’envers, ou l’endroit, de la probité et de la rigueur.

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