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Il y a celui qui a demandé sa mutation, celui qui l’a obtenue, celui qui attendra un an de plus. La « mut » des enseignants occupe, chaque printemps, les conversations dans les salles des professeurs. Dans le jargon de l’éducation nationale, le « mouvement » désigne le dispositif de répartition de ceux qui souhaitent changer de poste.

Dans le second degré (collège et lycée), il s’opère d’abord d’une académie à une autre, puis entre les établissements ; dans le premier degré (école maternelle et élémentaire), il a lieu entre départements. Les chances d’obtenir satisfaction dépendent du nombre de points de l’enseignant, qui, eux, relèvent de son ancienneté, de certains critères individuels et de la difficulté du poste qu’il veut quitter.

Ces chances dépendent aussi, et surtout, d’un cruel jeu d’offre et de demande, car les enseignants ont tendance à être affectés en début de carrière dans des académies peu demandées (Amiens, Versailles, Créteil), et à chercher ensuite à rejoindre les académies de l’Ouest ou du Sud. Le déficit de personnel dans les académies peu attractives génère chez ceux qui y sont affectés le sentiment d’être piégés indéfiniment. A l’inverse, ceux qui ont obtenu satisfaction ont tendance à rester là où ils se trouvent.

Une mécanique grippée

La mécanique du « mouvement » est donc grippée. Côté enseignants, puisque en 2023 seuls 20,8 % des candidats au mouvement du premier degré avaient obtenu une mutation, selon un bilan du ministère de l’éducation transmis aux syndicats et qu’a pu consulter l’agence spécialisée AEF. Dans le second degré, le taux de satisfaction était de 41,4 %. Mais aussi côté élèves, puisque le jeu des mutations déséquilibre la répartition des enseignants les moins expérimentés : dans l’académie de Créteil, en 2021, 18 % des enseignants du second degré avaient moins de 30 ans, contre 6 % dans l’académie de Rennes, rappelait la Cour des comptes fin 2024.

Le ministère de l’éducation nationale a tenté de remédier au problème avec la généralisation des « gestions RH de proximité », et assure régulièrement que la remise à plat des conditions d’affectation, dans un contexte de déficit structurel de candidats aux concours de recrutement, est à l’étude. Car l’inquiétude à l’idée d’être muté loin de chez soi joue sur l’attractivité. Un tiers des étudiants qui considèrent la profession d’enseignant du second degré comme « pas attractive » citent le manque de choix dans les premières affectations parmi les facteurs de rejet du métier (derrière le salaire et les conditions de travail), d’après un sondage Ipsos de 2022.

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