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Faut-il revenir sur la réforme des retraites adoptée en 2023 ? La question agite le gouvernement alors que les partenaires sociaux ont pour mission de tenter de parvenir à un nouvel accord. La ministre chargée des comptes publics, Amélie de Montchalin, qui s’exprimait, lundi 17 mars sur Europe 1, a estimé « pas réaliste » le retour de l’âge légal de départ à la retraite à 62 ans, tandis que le ministre de l’économie, Eric Lombard, qui était sur BFM-TV la veille a assuré à cette occasion que « c’est aux partenaires sociaux de décider ».

Ces deux prises de position surviennent après que le premier ministre, François Bayrou, a écarté le retour de l’âge de départ à 62 ans, contre 64 ans dans la loi actuelle, mettant en péril l’avenir du conclave sur la réforme de 2023. Le chef du gouvernement considère que les parties en discussions « sa[vent] très bien (…) quel est le rapport numérique (…) Je ne crois pas que la question paramétrique (…) c’est-à-dire la question de dire “voilà l’âge pour tout le monde”, je ne crois pas que ce soit la seule piste », a-t-il fait savoir sur France Inter et Franceinfo.

Cherchant à s’éviter la censure du Parti socialiste, M. Bayrou avait rouvert en janvier le dossier de la réforme menée par Elisabeth Borne, et il avait confié aux partenaires sociaux la tâche de tenter de parvenir à un nouvel accord.

Pour Amélie de Montchalin, cette sortie de François Bayrou équivaut à « un cadrage, parce qu’on ne peut pas aggraver le déficit ». « Si derrière on laisse la dette s’accroître » en revenant sur la réforme des retraites, « cela veut dire qu’on perd notre capacité à être une puissance, qu’on perd notre souveraineté », a-t-elle défendu lundi matin, plaidant toutefois pour que des débats soient menés sur « sur les carrières longues, sur la pénibilité, sur l’équité entre les hommes et les femmes ».

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Or, pour Eric Lombard, « la position du gouvernement, c’est que le conclave doit se prononcer, et cet engagement du conclave aura une force considérable », leur laissant donc la possibilité de revenir sur l’âge légal de départ. « Les 62 ans ont un coût élevé », a néanmoins reconnu le ministre de l’économie. Et « si les partenaires sociaux souhaitaient que les 62 ans soit rétablis », cela demanderait « que les autres critères soient modifiés de façon très forte pour être dans cette trajectoire d’équilibre », a-t-il ajouté.

Les concertations ont débuté fin février

Le gouvernement est toutefois sur la même ligne pour défendre le principe même de ce conclave entre les partenaires sociaux, face aux critiques portées par l’ancien premier ministre et président d’Horizons, Edouard Philippe. Ce dernier a notamment jugé « complètement hors-sol » et « déjà totalement dépassé » ce rendez-vous régulier des organisations syndicales et patronales, face au basculement géopolitique opéré par Donald Trump et aux futurs besoins dans les dépenses militaires.

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« J’ai en effet une divergence avec Edouard Philippe. Edouard Philippe considère que la démocratie sociale et les partenaires sociaux, c’est négligeable, qu’il faut [les] laisser de côté, qu’il faut considérer que désormais la décision doit venir du sommet et s’imposer à la base », a déploré François Bayrou. « Je fais partie avec le premier ministre de celles et de ceux qui pensent que le dialogue social, c’est absolument essentiel », a dit M. Lombard.

Le « non » de François Bayrou sur un retour à l’âge légal de 62 ans a provoqué les critiques de la gauche, qui évoque une « trahison », selon les mots du chef des députés socialistes, et candidat à la présidence du parti, Boris Vallaud sur X. « Le gouvernement doit laisser les partenaires sociaux travailler et le Parlement, ensuite, légiférer. À la brutalité sociale de la réforme, la brutalité démocratique de son adoption, François Bayrou compte-t-il ajouter la brutalité de la trahison de la parole donnée… et écrite ? », a-t-il fustigé.

Pour François Ruffin, ex-député « insoumis » qui siège maintenant dans le groupe écologiste à l’Assemblée nationale, les déclarations de M. Bayrou sont « à l’évidence » un motif de censure du gouvernement. « A la fin, il faut qu’il y ait un vote de l’Assemblée qui dise vers quel modèle de retraite on veut aller », a-t-il plaidé sur France 2.

Les concertations hebdomadaires entre syndicats et patronat, qui ont débuté le 27 février, sont censées durer jusqu’à la fin du mois de mai – même si Force ouvrière a d’emblée claqué la porte. François Bayrou s’est engagé à soumettre un éventuel accord, même partiel, à l’appréciation du Parlement.

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Le Monde avec AFP

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