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Les verbes performatifs sont fascinants : il suffit par exemple qu’un prêtre déclare qu’un homme et une femme sont « unis par les liens du mariage » pour qu’ils le soient effectivement. A l’ONU, le 22 septembre, Emmanuel Macron a lui aussi prononcé un verbe performatif : « Fidèle à l’engagement historique de mon pays au Proche-Orient pour la paix entre le peuple israélien et le peuple palestinien, je déclare que la France reconnaît aujourd’hui l’Etat de Palestine. »

D’un point de vue linguistique cependant, pour qu’il y ait performativité, pour que des mots soient des actes et aient un effet dans la réalité, certaines conditions doivent être réunies. La phrase « Je vous déclare unis par les liens du mariage » doit par exemple être prononcée par un prêtre ou par un représentant officiel de l’Etat.

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De prime abord, le discours d’Emmanuel Macron remplit toutes les conditions requises, que le philosophe britannique du langage John Austin [1911-1960] appelait « conditions de félicité ». M. Macron représente la France ; il s’est exprimé au pupitre d’une organisation internationale, les Nations unies, qui est habilitée à reconnaître des Etats ; son intention était sincère ; les destinataires de son discours (des représentants d’Etats) étaient adéquats. Pourtant, bien que toutes les « conditions de félicité » semblent réunies, la déclaration de M. Macron ne suffit manifestement pas à faire exister l’Etat palestinien. Et elle soulève quelques questions.

Une marche engagée il y a trente ans

L’une d’entre elles concerne le rôle qu’elle a joué (ou non) dans la formulation du plan de paix présenté par le président américain le 29 septembre. La déclaration faite par M. Macron à l’ONU a-t-elle contribué à accroître la pression sur Donald Trump et le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou ? Peut-être, mais le nouveau plan de paix a été défini sans l’Europe. Et si l’issue des pourparlers en cours n’est pas encore connue, le geste posé par le président français offre un nouveau signe que l’Occident n’arrive pas à s’entendre sur ce qu’il faut faire au Proche-Orient.

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