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Histoires Web mardi, septembre 23
Bulletin

Monique Chemillier-Gendreau est professeure émérite à l’université Paris Cité, spécialiste du droit international et de la théorie de l’Etat, et conseillère devant les juridictions internationales. Elle est l’autrice de Rendre impossible un Etat palestinien, l’objectif d’Israël depuis sa création (Textuel, 160 pages, 17,90 euros). Elle décrypte les conséquences de la reconnaissance de l’Etat de Palestine par plusieurs pays, dont la France, le Royaume-Uni et le Canada, tous trois membres du G7.

Qu’est-ce que cette nouvelle vague de reconnaissances de la Palestine peut changer ?

Ma première réaction est de dire : c’est trop tard et trop peu ; trop tard, car ces nouveaux pays, qui viennent de reconnaître l’Etat de Palestine, ont laissé Israël détruire, méthodiquement, depuis des décennies, les bases de cet Etat. Le geste symbolique de la reconnaissance procurera sans doute une satisfaction de façade, mais il n’aura pas beaucoup d’effets. Trop peu, car pour accomplir les promesses contenues dans tous les engagements du droit international à l’égard du peuple palestinien, il faut bien d’autres actes. Israël ne pliera que sous la contrainte.

A quels actes pensez-vous ?

Pour l’instant, cette reconnaissance est celle d’un Etat fantôme. Si l’on veut reconnaître un véritable Etat palestinien, il faut lui redonner les bases concrètes de son existence. Comment identifie-t-on un Etat ? Par certains éléments : un territoire viable, une population regroupée librement, des institutions disposant des fonctions régaliennes, une capitale choisie souverainement. Or, Israël s’est employé, depuis sa création, à détruire tous ces éléments et les autres Etats n’ont rien fait. Mais ce qu’Israël n’a pas pu détruire, c’est la conscience nationale palestinienne. Ce à quoi la reconnaissance d’un Etat palestinien rend hommage, c’est à la persistance de ce sentiment national palestinien. Il serait vain, pour ne pas dire très hypocrite, de prendre acte de la légitimité de ce sentiment national sans agir pour lui redonner les bases concrètes qu’Israël s’obstine à lui refuser.

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