Au pied de la basilique et de la « colline éternelle » de Vézelay (Yonne), dans ce village de Saint-Père où Serge Gainsbourg était venu s’isoler les six derniers mois de sa vie, Julia Lanoë a trouvé une petite maison, longée par un cours d’eau. « Le fait que la rivière s’appelle la Cure a pesé dans la balance », plaisante-t-elle, dans l’air glacé de janvier, en prononçant à l’anglaise un nom qui est aussi celui de son groupe préféré, The Cure. Mais la chanteuse, autrice, compositrice et DJ qui, à la scène et en studio, se produit sous le patronyme de Rebeka Warrior, a surtout été sensible à la dimension spirituelle d’un coin de Bourgogne propice au recueillement.
Car la « guerrière » tatouée de 46 ans, pionnière de la scène queer française au sein de groupes tels Mansfield.TYA, Sexy Sushi et Kompromat, se partage désormais entre cette maison de campagne au décor spartiate et son appartement de Belleville (Paris 19e). En revendiquant autant son goût pour un hédonisme débridé que pour la méditation. « J’aime les extrêmes, insiste-t-elle, ses yeux bleus rieurs illuminant un visage taillé à la serpe. Les concerts gavés de monde, l’idée de transpirer tous ensemble, mais aussi le silence et la solitude. » Une dualité affichée dans Playing/Praying, le titre à la fois ludique et mystique du nouvel album de Kompromat, le duo électro qu’elle forme, depuis 2019, avec le compositeur, producteur et DJ Pascal Arbez-Nicolas, plus connu sous le nom de Vitalic.
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