Des combats intenses aux portes de la grande ville de Goma faisaient rage, dimanche 26 janvier, dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), entre l’armée congolaise et le groupe antigouvernemental du Mouvement du 23 mars (M23), qui est soutenu par le Rwanda et son armée.
Un sommet extraordinaire de la Communauté des Etats d’Afrique de l’Est (EAC) dédié à la situation dans l’est de la RDC se tiendra « dans les prochaines quarante-huit heures » en présence des présidents congolais Félix Tshisekedi et rwandais Paul Kagame, a affirmé dans la soirée la présidence kényane.
D’intenses rafales de tirs résonnaient au même moment dans le centre de Goma, assiégée et plus que jamais menacée par des troupes rwandaises et les combattants du groupe armé M23.
« En consultation avec les chefs d’Etat de la région sur cette situation extrême, nous allons organiser un sommet extraordinaire de l’EAC dans les prochaines quarante-huit heures pour délibérer sur cette crise et tracer une voie à suivre », a déclaré le président kényan William Ruto, qui assure actuellement la présidence de l’organisation régionale.
« Je remercie à la fois le président Tshisekedi et le président Kagame pour leur participation confirmée à ce sommet », a-t-il ajouté dans une prise de parole.
Le chef de l’ONU appelle les forces rwandaises à se retirer
Après l’échec d’une médiation RDC-Rwanda sous l’égide de l’Angola, le groupe armé du M23 et 3 000 à 4 000 soldats rwandais, selon l’ONU, ont rapidement gagné du terrain ces dernières semaines.
Lors d’un conseil de sécurité de l’ONU réuni en urgence dimanche, Kinshasa a accusé le Rwanda de lui avoir « déclaré la guerre » en envoyant de nouvelles troupes pour soutenir le M23 qui assiège Goma, ville frontalière du Rwanda où se trouvent un million d’habitants et presque autant de déplacés.
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Quelques heures plus tôt, le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres, qui n’avait pas aussi clairement mis en cause Kigali jusque-là, a appelé « les Forces rwandaises de défense à cesser de soutenir le M23 et à se retirer du territoire de la RDC. »
Jusqu’à présent, M. Guterres avait fait référence aux conclusions d’un rapport d’experts de l’ONU mettant en lumière le rôle de Kigali aux côtés du M23, mais sans explicitement appeler les forces rwandaises à cesser leur soutien et à se retirer. Alors que trois casques bleus ont été tués ces derniers jours, M. Guterres a aussi rappelé que les attaques contre le personnel de l’ONU « p[ouvai]ent constituer un crime de guerre ».
Le Rwanda se dit en « posture défensive durable »
Dimanche soir, Kigali a indiqué se placer dans une « posture défensive durable » au vu de l’évolution des combats de l’autre côté de la frontière. « Les processus de Luanda et de Nairobi nécessitent tous deux urgemment une nouvelle impulsion, afin de parvenir à une paix pérenne et à la stabilité pour tous les pays de notre région », a également déclaré Kigali.
Pendant ce temps, les appels internationaux à un cessez-le-feu se multiplient. Plusieurs Etats membres ont eux aussi pointé du doigt le Rwanda, notamment la France, les Etats-Unis et le Royaume-Uni, lors du conseil de sécurité de l’ONU. Le chef de la diplomatie britannique, David Lammy, s’est dit dimanche « profondément préoccupé par les attaques sur Goma », et a déploré sur X « des déplacements massifs de civils, des pertes humaines ainsi que la mort de casques bleus de l’ONU ». « J’ai parlé [au président du Rwanda] Paul Kagame et j’ai appelé à la désescalade, soulignant la nécessité pour le Rwanda et la RDC de retourner d’urgence à la table des négociations », a-t-il ajouté.
Dans une déclaration signée par ses vingt-sept pays membres, l’Union européenne a appelé le M23 à « arrêter son avancée » et le Rwanda à « se retirer immédiatement ». L’Union africaine a réclamé « la stricte observation du cessez-le-feu convenu entre les parties ».
Une demi-douzaine de cessez-le-feu et trêves ont déjà été décrétés puis violés dans l’est de la RDC. Le dernier cessez-le-feu avait été signé fin juillet. En décembre, une rencontre entre M. Tshisekedi et M. Kagame, dans le cadre du processus de paix chapeauté par l’Angola, désigné médiateur par l’Union africaine, a été annulée faute d’entente sur les conditions d’un accord.