L’Organisation des Nations unies (ONU) s’est dite « gravement préoccupée » pour le bien-être et la sécurité « d’au moins » 130 malades et blessés qui viennent d’être enlevés par des combattants du M23 de deux hôpitaux de Goma, dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), dans un communiqué diffusé lundi à Genève.
« Les combattants du groupe [M23] soutenu par le Rwanda ont pris d’assaut l’hôpital CBCA Ndosho et l’hôpital Heal Africa », emmenant en milieu de nuit des patients « sous prétexte qu’ils étaient des soldats de l’armée de la RDC ou des membres de la milice progouvernementale wazalendo », explique une porte-parole du Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme, Ravina Shamdasani.
Selon l’ONU, le M23, groupe armé qui a repris les armes en 2021 contre le gouvernement de Kinshasa et s’est emparé à la fin de janvier de Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu, a emmené 116 patients de l’hôpital CBCA et 15 autres de l’hôpital Heal Africa. Une employée de l’hôpital CBCA a confirmé, sous couvert de l’anonymat, les faits à l’Agence France-Presse (AFP), en assurant que, dans cet établissement, ils avaient eu lieu dans la nuit de dimanche à lundi.
« Ils ont emmené tous les militaires »
Durant « la nuit, vers 3 heures, nous avons eu une visite du M23, qui a emmené tous les militaires qui étaient ici et leurs garde-malades. Il s’agit des militaires qui étaient déjà guéris, des wazalendo et de leurs garde-malades. Parmi ceux qui ont été emmenés par le M23, il y a aussi quelques civils », a déclaré cette employée.
Au total, 116 personnes ont été emmenées de l’hôpital CBCA mais « depuis ce [lundi] matin, cinq civils parmi les personnes arrêtées ont regagné l’hôpital après avoir été relâchés », a-t-elle ajouté. « Il est profondément affligeant que le M23 arrache des patients de leur lit d’hôpital lors de raids coordonnés et les détienne », a dénoncé la porte-parole du Haut-Commissariat de l’ONU, qui réclame le retour immédiat des prisonniers à l’hôpital pour y suivre leurs traitements.
L’ONU demande aussi au M23 de « prendre des mesures rapides et concrètes pour garantir la fin de ces raids arbitraires et abusifs ». En vertu du droit humanitaire international, « les blessés et les malades doivent pouvoir recevoir les soins médicaux et l’attention dont ils ont besoin », et les hôpitaux « doivent être respectés et protégés en toutes circonstances », rappelle l’ONU.
Le M23 (Mouvement du 23 mars), appuyé par 4 000 soldats rwandais dans l’est de la RDC, selon des experts de l’ONU, a poursuivi son offensive éclair après Goma pour prendre à la mi-février Bukavu, capitale de la province voisine du Sud-Kivu.