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Histoires Web vendredi, mars 21
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Livre. C’est une plongée, à la fois réelle et imaginée, dans l’autre Russie. Face au Kremlin, sous l’URSS comme depuis un quart de siècle sous le régime de Vladimir Poutine, ces dissidents se battent dans la solitude. Mais « avec le sentiment d’avoir raison », écrit Filipp Dzyadko, petit-fils et fils de dissidents. Dans Radio Vladimir (Stock, 224 pages, 19,50 euros), il raconte une histoire de famille faite de rencontres, amicales et littéraires, au fil des tragiques décennies soviétiques, puis russes.

Ces résistants anti-Kremlin « sont des gens sûrs de leur bon droit », explique l’auteur en citant sa mère, à qui il dédie son livre : « Zoïa Svetova, écrivaine et journaliste, femme libre, tendre et vaillante. » Journaliste indépendante, elle vit toujours à Moscou. Filipp Dzyadko, lui, a quitté la Russie dès mars 2022, juste après le début de l’« opération militaire spéciale » du Kremlin en Ukraine.

Radio Vladimir est un « manifeste de la société secrète » qui, depuis trois ans, s’oppose à la guerre dont la Russie a, en vain, caché le vrai nom. Filipp Dzyadko raconte les formes de cette rébellion, diverses et créatives. Les rubans verts, noués aux cheveux ou aux poteaux devant les postes de police. Les graffitis, peints sur les trottoirs ou à l’entrée d’immeubles. Les étiquettes, collées sur des marchandises de supermarchés.

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Avec des messages très clairs, comme par exemple : « Si mon arrière-grand-père s’est battu pendant la Grande Guerre patriotique, ce n’est pas pour faire de la Russie un Etat fasciste. » Pour de tels actes de bravoure, des centaines de Russes ont depuis été condamnés à de lourdes peines de prison. « Le pouvoir a peur des étiquettes », ironise Filipp Dzyadko.

Exil à Berlin

L’histoire se répète. Le 25 août 1968, juste après l’invasion de la Tchécoslovaquie par le pacte de Varsovie, huit dissidents avaient osé manifester leur opposition près du Kremlin. Ils ont été vite et brutalement arrêtés. Filipp Dzyadko rappelle que, malgré la peur, ils ont agi ni en héros ni en fous, mais animés par « la honte impossible et l’horreur de l’injustice ». Tout comme ces Russes qui, aujourd’hui, bravent les interdits pour manifester leur opposition à l’offensive militaire du Kremlin.

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