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Histoires Web samedi, mai 10
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Une digue culturelle est en train d’être dynamitée partout dans le monde occidental. Résumons brutalement : quand les peuples se droitisent, l’argent public peut-il encore être monopolisé par des artistes et des œuvres de gauche ? Ces derniers doivent-ils être « loyaux » envers ceux qui les financent ? Il y a dix ans à peine, ces questions étaient inimaginables, absurdes. Beaucoup les posent, aujourd’hui.

Une fois de plus, c’est Donald Trump qui montre le chemin, affirmant haut et fort que l’argent de l’Etat ne doit plus financer des expositions qui « dégradent les valeurs américaines », notamment celles qui dénoncent un pays raciste et sexiste. Il en a assez de l’autoflagellation. Quand il annonce, le 4 mai, des droits de douane de 100 % sur les films produits à l’étranger, c’est pour favoriser la production made in America, mais aussi pour limiter l’entrée sur le territoire d’œuvres de « propagande », dit-il, contre son pays.

Selon le président américain, l’art coûte déjà cher, on ne va pas en plus financer celui qui nous insulte. Cette posture se répand partout. En France, par exemple. Pour comprendre la bascule chez nous, il faut revenir aux années 1980 et 1990, quand le socialiste Jack Lang, outre une pléiade de mesures portées par un budget doublé, signe des dizaines de conventions avec des villes, départements et régions, beaucoup de droite, chaque collectivité mettant de l’argent avec l’Etat pour faire vivre des théâtres ou des musées.

Ce fut un coup de génie que d’impliquer des élus de tous bords dans un projet culturel de gauche. Le consensus a donné l’illusion que la création n’était pas guidée par l’idéologie et profitait à tous. Seul le Front national hurlait contre une culture gauchiste et élitiste, recevant en retour le mépris.

« Séparatisme » et « prosélytisme »

Ce consensus est balayé. Une bonne partie des élus locaux de droite, un peu de gauche aussi, regardent autrement. Ils sont moins dans la pensée novatrice que dans l’air du temps. Déjà la coupe budgétaire fait office de politique culturelle, ce qui n’est pas constructif mais très concret. Surtout, des élus substituent au dogme de « non-ingérence » celui de subvention sous « conditions » afin d’imposer des choix : une culture enracinée localement, ouverte au divertissement « apolitique », diverse tout en écartant les radicalités. Cette bascule fut abordée lors du Congrès des maires, en novembre 2024.

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