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Histoires Web mardi, novembre 5
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Les Nymphéas s’évanouissent dans la pénombre. Dans la salle ovale du Musée de l’Orangerie, à Paris, les panneaux aquatiques réalisés par Monet à la fin de sa vie, entre 1890 et 1926, se dissolvent en une nuée cosmique dont on ne perçoit plus les contours. Ils enveloppent une silhouette sombre, étrange et surdimensionnée qui semble s’extraire de l’environnement pour vivre sa vie. Deux ombres en émergent qui retournent bientôt se fondre dans la nébuleuse ambiante.

Cette performance intitulée Figures, dansée et imaginée par Dalila Belaza avec Aragorn Boulanger, était à l’affiche, lundi 14 octobre, du cycle chorégraphique « Danse dans les Nymphéas ». Devant un public assis en demi-cercle sur des coussins, le rituel de métamorphose proposé par Belaza s’auréole de solennité. Le défi de se mesurer au chef-d’œuvre de Monet tapissant les murs courbes était ici presque gommé. « Je ne voulais pas me laisser piéger dans cet écrin et que les Nymphéas servent de décor à mon geste, explique Dalila Belaza. En les obscurcissant – ce qui n’a apparemment jamais été fait auparavant –, il s’agit pour moi de trouver un équilibre entre eux et mon travail. L’atmosphère des toiles, en revanche, et le lieu créent une résonance particulière et ouvrent un nouveau récit à ma pièce. »

Ce fondu au noir est effectivement une première dans le cadre de cette opération lancée en 2018 qui a vu défiler des stars comme Carolyn Carlson, la Canadienne Marie Chouinard, habituée des musées au Canada et aux Etats-Unis, ou encore l’Israélienne Sharon Eyal. « Jusqu’à présent, les panneaux peints de Monet étaient toujours mis en lumière et en mouvement par les chorégraphes, tant ils sont émerveillés de se confronter à ce chef-d’œuvre connu dans le monde entier, glisse Isabelle Danto, programmatrice. C’est un espace inspirant même si très intimidant. Danse et peinture fonctionnent le plus souvent en vases communicants entre contemplation et action. »

Challenge excitant

Ce rendez-vous à l’Orangerie, très couru par le public, prend place dans un agenda muséal, en France comme à l’étranger, de plus en plus blindé par des pièces chorégraphiques en tout genre. D’Orsay au Louvre en passant par le Centre Pompidou, à Paris, de la Tate Modern, à Londres, au MoMA, à New York, qui possède, par ailleurs, un département dévolu à la performance et à la danse, la programmation de spectacles fait désormais partie de la routine et prend de l’ampleur depuis une dizaine d’années. « La danse se cherche toujours de nouveaux territoires », explique Isabelle Danto.

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