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Histoires Web vendredi, février 21
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Livre. En 2020, le politiste Marc-Antoine Pérouse de Montclos mettait en garde contre une mauvaise compréhension du djihadisme africain, condamnant à l’échec les troupes françaises au Sahel dans son ouvrage Une guerre perdue (JC Lattès). Alors que l’histoire lui a, depuis, en grande partie donné raison, il s’emploie désormais à identifier les ressorts des violences religieuses en Afrique – principalement djihadistes, même si d’autres religions que l’islam sont évoquées –, dans Prophètes en armes ! (Maisonneuve & Larose-Hémisphères Editions, 312 pages, 24 euros).

Si les mouvements djihadistes proclament être guidés par des mobiles exclusivement religieux, les croire sur parole serait une erreur. « Les prétendus “combattants de la foi” sont animés par des motivations prosaïques et souvent opportunistes », relève l’auteur. Les chefs s’avèrent souvent des « entrepreneurs politiques » orientés vers le djihad après avoir échoué à se hisser dans la hiérarchie sociale par d’autres moyens.

Selon ce directeur de recherche à l’Institut de recherche pour le développement, l’appât du gain joue aussi pour la masse des combattants. Les populations le savent et « voient souvent peu de différence entre les djihadistes qui disent prélever la zakat – l’aumône musulmane – et les bandits qui viennent leur voler les bêtes ». Les financiers du djihadisme espèrent d’ailleurs un retour sur investissement. En Somalie, une partie de la bourgeoisie marchande de Mogadiscio a ainsi massivement soutenu les Chabab parce qu’ils assuraient la sécurité à moindre coût, et leur offraient la possibilité de développer leur commerce dans le Golfe.

L’exemple Boko Haram

Autre erreur à ne pas commettre : oublier les dynamiques de terrain en se laissant prendre au discours des groupes armés qui s’insèrent dans le djihad mondialisé. Les allégeances à Al-Qaida et/ou à l’organisation Etat Islamique visent essentiellement à se donner davantage de visibilité et de légitimité. Il serait ainsi plus valorisant d’apparaître comme un bras armé de l’« internationale islamiste » plutôt que comme un groupe local vivant de brigandage, inséré dans des solidarités lignagères et des tensions ethniques.

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