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Histoires Web lundi, mai 12
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L’ex-chirurgien Joël Le Scouarnec, jugé depuis le 24 février à Vannes (Morbihan) pour des viols et agressions sur 299 patients, était « totalement responsable de ses actes », ont déclaré, lundi 12 mai, les deux experts psychiatres qui l’ont examiné, sans trouver chez lui aucun trouble psychique ni de pathologie mentale.

Isabelle Alamome et Jean-Jacques Dumond, qui ont interrogé l’accusé en 2023 lorsqu’il était en détention, ont rapporté à la barre l’extrême « contrôle » de Joël Le Scouarnec durant leur entretien. « Il n’a manifesté aucune émotion, avec très peu de place aux victimes » et « pas de compassion », a ainsi relevé Mme Alamome. « Froid », « il est très économe de mots, avec parfois une attitude un peu contrite à laquelle on a du mal à croire », ajoute l’experte.

Les deux psychiatres ont été frappés par le grand décalage entre « la pauvreté de son expression » orale et « la richesse des carnets » dans lesquels le pédocriminel consignait scrupuleusement les violences sexuelles infligées à ses victimes, en grande majorité mineures au moment des faits. Des écrits dont « il était très fier et qu’il retravaillait régulièrement » à l’époque, leur a-t-il expliqué.

Joël Le Scouarnec est-il un calculateur, interroge la cour ? Il a coopéré, mais durant l’entretien, « il n’y [avait] pas de spontanéité dans son discours, comme s’il pesait tous ses mots sachant les conséquences que cela pourrait avoir », répond Isabelle Alamone. « Ce monsieur, c’est une énigme et l’énigme principale est dans le contraste » avec un « personnage insignifiant quand on le rencontre », résume Jean-Jacques Dumond.

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« Flou mémoriel »

Les psychiatres disent également leur surprise devant « le flou mémoriel très important » affiché par Joël Le Scouarnec. « Je ne sais pas, je ne me souviens plus… » : s’il a fini par reconnaître devant la cour criminelle du Morbihan l’ensemble des faits qui lui sont reprochés, le pédocriminel de 74 ans assure depuis le début de son procès qu’il n’a aucun souvenir précis des violences dont il est accusé ni même d’événements précis de sa jeunesse.

Les psychiatres se sont heurtés au même mur. « Ses premiers souvenirs, flous, sont ceux du baccalauréat, qu’il a décroché en 1968, précise Mme Alamome. A ce moment-là, nous avons peine à croire qu’il ne se souvenait absolument de rien de son enfance ou de son adolescence. »

Occulte-t-il délibérément ou non des traumatismes qu’il aurait subis pendant son enfance et qui pourraient être liés avec ses passages à l’acte criminels ? « Nous n’avons aucun élément » dans ce sens, répondent les experts.

Lors de son entretien, comme durant le procès, Joël Le Scouarnec a assuré ne plus ressentir aucune pulsion envers des enfants.

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Le Monde avec AFP

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