Le canal principal qu’ils administraient se nommait « No limit ». La justice en a pourtant posé une claire, en condamnant, mardi 12 novembre, neuf adultes à des peines de prison, dont une ferme, mais aménagée, pour administration de plateforme permettant des transactions illicites. Ces neuf personnes étaient toutes impliquées dans l’échange, par le biais de canaux sur l’application de messagerie russe Telegram, de contenus pédopornographiques.
L’administrateur en chef du canal, Romain F., est sans surprise condamné à la peine la plus lourde : trois ans de prison dont deux avec sursis. Il échappe à la détention, mais devra purger sa peine sous bracelet électronique, et a l’obligation de suivre des soins.
Dans le monde réel, cet homme de 39 ans, aux antécédents de toxicomanie, vivait reclus chez sa mère. Mais sur Telegram, « Vladimir Poutine » ou « Le Russe », comme il se faisait appeler, administrait d’une main de fer ses canaux, et faisait prospérer un petit empire d’une demi-douzaine de groupes sur l’application Telegram, choisie pour sa modération plus que légère. Sur « Zineb chat gang », « Vidéos2ados » et surtout « No limit », des centaines d’abonnés échangeaient des contenus extrêmes de tout ordre : tortures, meurtres, mais surtout pédopornographie, mettant en scène en photo et en vidéo des enfants et des adolescents violés.
Des administrateurs dévoués à leur « chef »
Les prévenus du procès n’étaient pas producteurs de ces images, qu’ils se contentaient de dénicher sur le Web, puis de compiler sous forme de « packs », hébergés sur les serveurs d’un autre site peu scrupuleux, Mega.nz. La revente de ces « packs », de 20 à 100 euros selon leur taille, avait permis au « Russe » – qui assurait aux enquêteurs ne pas avoir d’attirance particulière pour les mineurs – de s’assurer un revenu complémentaire, de 60 000 euros au total, selon l’enquête, dépensés en jeux vidéo et en livraison de nourriture via Uber Eats. Outre sa peine, Romain F. est interdit de travailler au contact d’enfants et sera, comme ses coprévenus, inscrit au fichier judiciaire automatisé des auteurs d’infractions sexuelles ou violentes (Fijas).
Pour administrer son canal, Romain F. faisait appel à une petite équipe, baptisée « KGB ». Parmi ces administrateurs dévoués à leur « chef », comme ils l’appelaient, un couple, Laura et Rachid B., venus sur « No limit » pour revendre leurs propres contenus pornographiques, et peu à peu montés en grade au sein du canal. Père de famille, Rachid B. avait fini par admettre aux enquêteurs qu’il consommait lui-même des contenus pédopornographiques.
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