La bonne note de la bonnotte. Depuis début mai, la pépite de l’île de Noirmoutier se laisse déguster par les gourmets. Cette variété oubliée, puis ressuscitée il y a une trentaine d’années, s’est imposée comme le gratin de la pomme de terre avec son petit goût iodé. Mais elle ne pèse pas lourd dans le panier de la production française de tubercule. Une centaine de tonnes seulement à comparer aux 10 000 tonnes extraites par an du seul terroir de Noirmoutier.
Lorsque la pomme de terre nouvelle déboule sur les marchés, elle accompagne asperge et fraise dans un bouquet de produits printaniers. En tout début de saison, sa rareté la rend très prisée. Prime à la pomme de terre primeur. « Nous démarrons à un prix, livré à la distribution, de 5,50 à 6,50 euros le kilo. Aujourd’hui, alors que le rythme de récolte atteint 100 tonnes par jour, le kilo se négocie à près de 2,50 euros et il terminera à 1,30 euro en fin de campagne », précise Nicolas Paille, directeur de la coopérative de Noirmoutier. Pour les plus petits calibres, les grenailles, ajoutez 1 euro de plus.
Le poids des stocks
La pomme de terre de Noirmoutier mise sur son indication géographique protégée (IGP) et son Label rouge, de même que celle de l’île de Ré sur son appellation d’origine protégée (AOP) pour maintenir sa spécificité et continuer à être valorisée. Mais, cette année, la tendance est à une légère décrue des prix. En cause : le poids des pommes de terre encore en stock qui pèse sur le marché. En effet, alléchés par le filon très lucratif de ce tubercule, les agriculteurs ont augmenté de près de 11 % les surfaces plantées en 2024, les portant à 178 000 hectares. Résultat, avec un rendement resté stable, la récolte, à l’automne, a été plantureuse, en progression de 12 %, à 7,7 millions de tonnes.
Même si les exportations sont très dynamiques, avec 1,4 million de tonnes écoulées hors des frontières à fin janvier, il restait à date 382 000 tonnes de pommes de terre disponibles sur le territoire. Or, l’appétit des industriels français, belges ou néerlandais, qui croquaient avec avidité la patate nordiste pour la transformer en frites ou en chips, montre des signes de ralentissement. « A la suite des menaces de taxes et des craintes de répercussion sur la situation économique, les industriels sont frileux aux achats depuis fin février et les prix ont été divisés de moitié, à 100 euros la tonne », affirme Antoine Peenaert, vice-président de l’Union nationale des producteurs de pommes de terre. Le prix de la patate réduit en purée.