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Le réformateur Masoud Pezeshkian parle doucement. Il s’exprime avec des mots simples et modestes. Ses partisans misent beaucoup sur ce trait pour séduire les électeurs lors du second tour de la présidentielle, qui se tient vendredi 5 juillet, une semaine après le premier tour, organisé à la hâte après la mort de l’ancien président Ebrahim Raïssi dans un accident d’hélicoptère le 19 mai.

Masoud Pezeshkian, médecin de profession est arrivé en tête, le 28 juin, avec 42,5 % des votes, contre 38,6 % pour son rival, l’ultraconservateur Saïd Jalili. Le scrutin a surtout été marqué par son taux d’abstention : environ 60 %, un record dans l’histoire de la République islamique d’Iran. Et pour cause : nombreux sont ceux qui considèrent que le président pèse peu face au Guide suprême, Ali Khamenei.

Agé de 70 ans, Masoud Pezeshkian a été ministre de la santé sous le deuxième mandat de l’ancien président réformateur Mohammad Khatami, entre 2001 et 2005. Une fonction qu’il met volontiers en avant face à son adversaire qui n’a jamais occupé de poste important au sein de l’Etat. Originaire de la ville kurde de Mahabad (nord-est du pays), il maîtrise les dialectes kurde et azéri. Dans les provinces habitées par ces deux minorités, il a d’ailleurs largement devancé son adversaire au premier tour.

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Homme du sérail, spécialiste en chirurgie générale et en chirurgie cardiaque, Masoud Pezeshkian s’est notamment démarqué par sa défense des opposants. Ainsi, en 2009, alors qu’il était député, il a osé critiquer, au sein du Parlement, la répression des Iraniens descendus dans la rue contre la réélection jugée « frauduleuse » de l’ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad. Considérées comme une offense à Ali Khamenei qui avait appelé à une répression féroce des manifestations à l’époque, les déclarations de Masoud Pezeshkian lui avaient valu les foudres du camp conservateur. « Vous n’êtes pas juste. Vous devriez également condamner ceux qui n’acceptent pas le résultat du scrutin », avait déclaré le chef du parlement à l’époque, le conservateur Gholam-Ali Haddad Adel.

Masoud Pezeshkian sort de sa réserve

Aujourd’hui encore, Masoud Pezeshkian tente de jouer sur une image de « modéré » pour séduire les Iraniens des grandes villes, appartenant à la classe moyenne, paupérisée en raison des politiques austères des gouvernements successifs, des sanctions internationales et de la corruption endémique. Il espère également attirer les femmes et la génération Z qui semblent représenter une grande partie des abstentionnistes, même si aucun sondage n’a été publié permettant de l’étayer. Les deux groupes ont été profondément marqués par la répression qui a frappé le mouvement de contestation, né à la suite la mort de Mahsa (Jina) Amini en septembre 2022, après son arrestation par la police des mœurs pour des vêtements jugés « insuffisamment islamiques ».

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