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Histoires Web dimanche, mai 4
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Bis repetita en Roumanie : cinq mois après l’annulation du premier tour de la présidentielle, les électeurs reprennent le chemin des urnes, dimanche 4 mai, avec à la clé une possible nouvelle victoire de l’extrême droite.

Campagne sur les réseaux sociaux, colère et désillusion d’une partie de la population, nombreux indécis : les ingrédients sont les mêmes que le 24 novembre, quand le candidat critique de l’Union européenne (UE) et de l’OTAN, Calin Georgescu, avait surgi en tête, à la surprise générale.

Exclu de l’élection par la Cour constitutionnelle après des suspicions d’ingérence russe, il a depuis été remplacé par une figure établie de l’extrême droite roumaine, George Simion, seul candidat parmi les quatre favoris à avoir concouru lors du scrutin de novembre finalement annulé. Au total, onze candidats briguent ce poste essentiellement protocolaire mais influent en politique étrangère, alors que ce pays membre de l’UE de 19 millions d’habitants est devenu un pilier essentiel de l’OTAN depuis l’invasion russe de l’Ukraine voisine.

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Fan de Donald Trump

Crédité de quelque 30 % des votes selon des sondages, à manier avec précaution, le patron du parti nationaliste AUR, George Simion, brandit, à 38 ans, sa jeunesse, sa rhétorique souverainiste et sa maîtrise de la plateforme TikTok pour espérer venger son désormais allié Georgescu, qui lui avait volé la vedette au scrutin précédent, le limitant à 14 % des voix.

M. Simion se réclame du soutien de M. Georgescu, qui ne l’a cependant pas officiellement adoubé. Il fait l’objet d’une enquête du parquet pour incitation à la violence après avoir dit vouloir « écorcher vifs sur la place publique » les responsables du « coup d’Etat » ayant évincé le candidat arrivé en tête en novembre.

Si le député se dit « plus modéré » et nie toute inclination pour la Russie, il partage la même aversion pour « les bureaucrates bruxellois », les accusant sans preuves de s’être immiscés dans le processus électoral et promet de rendre sa « dignité » à une Roumanie trop souvent méprisée. Sur le thème du conflit en Ukraine, il veut réduire l’aide aux réfugiés ukrainiens et s’oppose à tout soutien militaire.

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Sur les marchés ou à l’étranger pour convaincre l’importante diaspora, ce fan de Donald Trump se rêve en « président MAGA » (« Make America Great Again »), slogan parfois affiché sur ses casquettes.

Trois autres principaux prétendants

Face à George Simion, trois prétendants peuvent accéder au second tour prévu le 18 mai, que les experts prédisent très serré.

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Le candidat de la coalition proeuropéenne au pouvoir, Crin Antonescu, offre « stabilité », mais il représente le « statu quo » pour ses adversaires et pourrait souffrir de l’image ternie par les années de gouvernance. Cet ancien professeur d’histoire de 65 ans peut miser sur son expérience politique : il a été chef d’Etat par intérim, président du Sénat, ministre… Déjà candidat à la présidentielle de 2009, il avait recueilli 20 % des voix. Il s’est tenu à l’écart de la politique, ces dernières années, une inactivité qui lui vaut les moqueries de ses rivaux, avant d’être appelé à la rescousse. Même s’il dit abhorrer la « démagogie » et le « populisme », il a indigné récemment en affirmant qu’il « exécuterait dans les stades comme en Chine les trafiquants de drogue », une « sortie malheureuse » qu’il a regrettée par la suite.

De son côté, le maire de Bucarest, Nicusor Dan, 55 ans, a décidé après « le choc » de novembre de se lancer dans l’arène en espérant pouvoir incarner le renouveau proeuropéen. Réélu en 2024 à la tête de la capitale, ce diplômé en mathématiques de la Sorbonne estime que l’ascension de l’extrême droite est en grande partie due au rejet d’une classe politique « corrompue » et « arrogante » au pouvoir depuis la fin du communisme.

M. Dan – dont le slogan est « Une Roumanie honnête » – se veut l’homme du « changement » sauf dans le soutien à l’Ukraine et l’engagement atlantiste, voyant l’OTAN comme le « meilleur bouclier » face à la Russie.

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Un scrutin est sous haute surveillance

Plus loin derrière, Victor Ponta mise sur un discours aux accents trumpiens. Après avoir été chassé du pouvoir en 2015 par de grandes manifestations contre la corruption, conséquence de la mort de 64 jeunes dans l’incendie d’une discothèque, cet ancien premier ministre social-démocrate de 52 ans assure avoir changé. Battu en 2014 à la présidentielle, il retente sa chance avec pour devise « la Roumanie d’abord ».

Désormais partenaire de golf du locataire de la Maison blanche, il s’est affiché ces derniers jours aux côtés de Donald Trump Jr., fils aîné du président américain, en tournée en Europe orientale. Volontiers « caméléon politique », selon les analystes, et désormais sans étiquette, Victor Ponta – qui aime jurer sur la Bible pour appuyer la véracité de ses propos – ferait bien de Calin Georgescu son premier ministre, le jugeant victime d’une cabale judiciaire.

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Après l’annulation de l’élection précédente – décision rarissime au sein de l’UE –, le scrutin est sous haute surveillance. Des milliers de personnes ont manifesté ces derniers mois pour dénoncer « un coup d’Etat ». Les Etats-Unis sont également intervenus, le vice-président, J. D. Vance, appelant à écouter la voix d’un peuple qu’on a fait taire « sur la base des faibles soupçons d’une agence de renseignement ».

Les autorités, qui ont renforcé les mesures de prévention et la collaboration avec le réseau TikTok, mis en cause à l’automne, assurent avoir « tiré les leçons » du fiasco et s’engagent à « des élections équitables et transparentes ».

Le Monde avec AFP

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