Le maire de Varsovie, le pro-européen Rafal Trzaskowski (Coalition civique), a remporté de peu le premier tour de l’élection présidentielle en Pologne et affrontera au second tour, le 1er juin, l’historien nationaliste Karol Nawrocki, selon les résultats officiels publiés lundi 19 mai. Lors du scrutin de dimanche, M. Trzaskowski a recueilli 31,36 % des suffrages, contre 29,54 % pour M. Nawrocki, selon le décompte de l’ensemble des bureaux de vote, a fait savoir la commission électorale. Le taux de participation a été de plus de 67 %, un résultat élevé pour la Pologne.
Le scrutin peut s’avérer décisif pour la coalition gouvernementale pro-européenne de Donald Tusk, au pouvoir depuis 2023 dans ce pays membre de l’Union européenne et de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord.
La victoire de M. Trzaskowski lui permettrait de mettre fin à une cohabitation difficile avec le chef de l’Etat sortant, Andrzej Duda, alors que le succès de M. Nawrocki pourrait davantage la fragiliser et mener, à terme, à des élections anticipées, selon les observateurs. Le chef de l’Etat polonais a des pouvoirs limités, mais il dispose d’un droit de veto sur les initiatives législatives, une prérogative fréquemment utilisée par M. Duda face à la coalition de M. Tusk.
La marge infime entre les deux candidats prépare le terrain pour une campagne électorale acharnée avant le second tour. « J’avais dit que cela se jouerait sur le fil du rasoir. Et c’est bien sur le fil du rasoir », a commenté lundi matin Rafal Trzaskowski à Kielce (Sud).
« Je vais tenter de convaincre tous ceux qui ont voté autrement que cela vaut la peine de voter pour une Pologne normale, et non pour une Pologne radicale », a encore déclaré le candidat pro-européen, ajoutant qu’il allait se concentrer sur les jeunes. C’est derniers ont voté soit pour l’extrême droite soit pour la gauche radicale.
Karol Nawrocki a quant à lui repris sa campagne dans la ville portuaire de Gdansk (Nord), d’où il est originaire, soulignant que l’écart entre lui et son rival était « cosmétique ». « Le soutien aux candidats de droite et conservateurs nous donne vraiment un profond optimisme avant le second tour », a-t-il ajouté.
En troisième position, un eurosceptique anti-IVG
Les deux candidats de l’extrême droite, le député libertarien eurosceptique Slawomir Mentzen et l’eurodéputé antisémite Grzegorz Braun, ont obtenu ensemble 21,15 % des voix, et l’ensemble des candidats de droite 54 % des voix. M. Mentzen, entrepreneur multimillionnaire fermement opposé à l’avortement et aux migrants, est arrivé en troisième position au premier tour avec 14,81 % des voix. En revanche, les candidats de la coalition pro-européenne en place n’ont réussi à convaincre que 40,6 % des électeurs.
L’élection arrive également à un moment délicat pour l’Europe alors que l’invasion de l’Ukraine par la Russie se poursuit et que les relations avec Washington se sont tendues.