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Les 61 millions d’électeurs iraniens sont appelés aux urnes vendredi 28 juin pour élire leur nouveau président, un scrutin organisé dans la hâte après la mort du président Ebrahim Raïssi dans un accident d’hélicoptère le 19 mai. L’issue de cette élection présidentielle reste incertaine en raison de la percée du réformateur Massoud Pezeshkian, face à des candidats conservateurs divisés.

Quatre hommes, Massoud Pezeshkian, Mohammad-Bagher Ghalibaf, Saïd Jalili et Mostafa Pourmohammadi, sont en lice pour conquérir le poste de président actuellement vacant. Si aucun d’entre eux ne rassemble plus de la moitié des suffrages, un second tour se tiendra le 5 juillet. Ce cas de figure s’est présenté que lors d’une seule présidentielle, en 2005, depuis l’avènement de la République islamique il y a 45 ans.

Les résultats officiels du premier tour sont attendus au plus tard dimanche 30 juin, mais des estimations pourraient être publiées dès samedi

Comme il est de tradition, c’est l’ayatollah Ali Khamenei qui a lancé les opérations en votant, dès 8 heures, devant des dizaines de caméras, à Téhéran. « Le jour des élections est un jour de joie et de bonheur pour nous, Iraniens », a assuré le guide suprême. « Nous recommandons à notre cher peuple de prendre le vote au sérieux et d’y participer. Je ne vois aucune raison d’hésiter », a-t-il poursuivi.

L’ayatollah Ali Khamenei a déposé son bulletin dans l’urne, dès 8 heures, devant des dizaines de caméras, à Téhéran, vendredi 28 juin.

Pezeshkian, seul contre deux conservateurs et un religieux

Cette élection présidentielle est suivie avec attention à l’étranger alors que l’Iran est au cœur de plusieurs crises géopolitiques comme la guerre à Gaza entre le Hamas et Israël et le dossier nucléaire, dans lesquelles il s’oppose aux pays occidentaux.

La surprise, lors de cette présidentielle, pourrait provenir du seul candidat réformateur, Massoud Pezeshkian. Ce député de 69 ans était quasi-inconnu lorsqu’il a été autorisé à concourir par le Conseil des Gardiens, l’autorité chargée de superviser les élections. D’apparence discrète mais s’exprimant sans détour, ce médecin d’origine azérie, une minorité du nord-ouest de l’Iran, a redonné espoir aux camps réformateur et modéré, totalement marginalisés ces dernières années par les conservateurs et ultraconservateurs.

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Face à lui, les partisans du pouvoir actuel se divisent entre les candidats Mohammad-Bagher Ghalibaf, président conservateur du Parlement, et Saïd Jalili, ancien négociateur ultraconservateur du dossier nucléaire et hostile à un rapprochement avec l’Occident. Pour espérer l’emporter, Massoud Pezeshkian doit compter sur une forte augmentation de la participation par rapport aux dernières élections. Le dernier scrutin présidentiel, en 2021, avait rassemblé seulement 49 % des électeurs. Aucun candidat réformateur ou modéré d’envergure n’avait été autorisé à concourir pour le poste de président lors de cette échéance.

Quel que soit le résultat, l’élection devrait avoir des répercussions limitées car le président a des pouvoirs restreints. Il est chargé d’appliquer, à la tête du gouvernement, les grandes lignes politiques fixées par le guide suprême qui est actuellement l’ayatollah Ali Khamenei. Pour lui, « le candidat le plus qualifié » pour être président devait être « celui qui croit vraiment aux principes de la Révolution islamique » et permet à l’Iran « d’avancer sans être dépendant » des pays étrangers.

La question du port du voile obligatoire relancée

Le guide suprême a cependant précisé que le pays ne devait pas « couper ses relations avec le monde ». Au cours des débats, l’ultraconservateur Saïd Jalili a critiqué les modérés pour avoir signé, en 2015, l’accord sur le nucléaire iranien avec les grandes puissances qui « n’a pas du tout profité à l’Iran ». « Sommes-nous censés être éternellement hostiles à l’Amérique ou aspirons-nous à résoudre nos problèmes avec ce pays ? », s’est interrogé M. Pezeshkian, en appelant lui à une relance de l’accord nucléaire afin d’entraîner une levée des sévères sanctions qui affectent l’économie iranienne.

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Par ailleurs, la question très sensible du port du voile obligatoire pour les femmes s’est imposée dans la campagne. Près de deux ans après le vaste mouvement de contestation qui avait secoué le pays en 2022, à la suite du décès de Mahsa Amini, arrêtée pour non-respect du code vestimentaire, le débat sur le voile est à nouveau relancé.

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Dans les débats télévisés, les candidats ont pris leurs distances avec les interpellations policières, parfois musclées, des femmes refusant de porter le hijab dans les lieux publics. « Nous ne devrions en aucun cas traiter les femmes iraniennes avec une telle cruauté », a affirmé Mustafa Pourmohammadi, le seul candidat religieux.

Le Monde avec AFP

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