Il est huit heures et dans la cour boueuse de l’école Martine Oulabou de Libreville, les premières files d’attente se forment devant la vingtaine de bureaux de vote. En ce samedi 12 avril, 920 000 électeurs gabonais sont appelés aux urnes pour choisir leur président. « Je veux élire quelqu’un qui apportera enfin quelque chose à ce pays, assure Marthe Blandine Ngnigone Bibé, 63 ans. Il y a maintenant un candidat qui peut nous donner ce que nous attendons tous : le changement. »
Huit candidats sont en lice, mais, dix-neuf mois après le coup d’Etat qui l’a mené au pouvoir, Brice Oligui Nguema est le grand favori du scrutin. Le 30 août 2023, une heure après l’annonce des résultats qui donnaient Ali Bongo vainqueur pour un troisième mandat au terme d’une élection ostensiblement truquée, c’est lui qui a mis fin – sans tirer un coup de feu – à 55 ans de règne de la famille Bongo à la tête du Gabon, pays de 2,3 millions d’habitants riche en pétrole et minerais (fer, manganèse…)
Le putsch du général Oligui Nguema avait des airs de révolution de palais. Après avoir été le dernier aide de camp d’Omar Bongo Ondimba, qui dirigea le Gabon de 1967 jusqu’à sa mort en 2009, il fut commandant de la garde républicaine au temps de son fils Ali Bongo, élu à deux reprises (2009 et 2016) suite à des scrutins marqués par les violences et les bourrages d’urnes.
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