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Le scrutin indirect, héritage historique du système électoral américain, permet parfois, comme pour Donald Trump en 2016, de gagner l’élection présidentielle sans avoir la majorité de voix à l’échelle nationale. Ce n’était pas le cas en 2024, puisque Kamala Harris avait 2,3 millions de voix de retard. Pourtant, selon nos calculs, elle aurait pu l’emporter si seulement 135 307 électeurs avaient voté pour elle plutôt que pour Donald Trump dans quatre Etats (Wisconsin, Nevada, Michigan et Géorgie).

En 2020, l’élection s’était jouée à 32 507 voix dans quatre Etats-clés, malgré les 7 millions de voix d’avance de Joe Biden. Il y a huit ans, Hillary Clinton était dans une situation paradoxale : elle avait perdu le scrutin malgré 2,9 millions de voix d’avance, faute d’obtenir la majorité des grands électeurs. Il lui aurait pourtant suffi de retourner 38 871 électeurs républicains, dans les trois Etats-clés du Michigan, du Wisconsin et de la Pennsylvanie, pour entrer à la Maison Blanche.

En 2000, une élection qui s’est jouée à 269 voix

Selon les calculs du Monde, lors des dix dernières élections présidentielles américaines, le candidat défait aurait dû pour l’emporter convaincre, en moyenne, 231 165 électeurs de voter pour son camp plutôt que pour l’autre – même si ce chiffre varie grandement selon les années. Ainsi, en 1996, le républicain Bob Dole aurait eu besoin de retourner plus de 561 000 voix dans onze Etats différents pour gagner face à Bill Clinton. A l’extrême inverse, Al Gore aurait pu, en 2000, se contenter de 269 voix en Floride pour devenir le 43e président américain à la place de George W. Bush.

Lire aussi | Comment fonctionne le système des grands électeurs à la présidentielle américaine ?

En 2008, lors de la première élection de Barack Obama, le chercheur au Massachusetts Institute of Technology Mike Sheppard avait déjà réalisé cette simulation pour toutes les présidentielles depuis 1836. Il avait déterminé à l’époque qu’il fallait en moyenne un peu moins de 401 000 voix pour inverser le résultat de l’élection.

Un modèle théorique, pas une réalité statistique

Dans ce modèle théorique, le résultat obtenu n’est pas nécessairement le plus probable. Ainsi, pour 2024 nous avons retenu les Etats où l’avance des républicains était la plus mince, afin de déterminer le plus petit nombre d’électeurs à retourner. Cela ne prend pas en compte l’ancrage politique d’un Etat ou d’un autre : la Pennsylvanie, par exemple, bascule régulièrement entre démocrates et républicains, alors que le Montana est résolument républicain. Dans ces deux Etats, Donald Trump l’a emporté avec un peu plus de 120 000 voix d’avance, soit environ 60 000 suffrages à « retourner ». En 2024, les quatre Etats-clés gagnés par le candidat républicain avec la plus faible avance sont aussi des « swing states », qui votent alternativement pour un camp ou l’autre selon les élections.

Il existe un système bien plus simple qui permettrait de s’épargner des maux de tête liés aux différents calculs et modèles statistiques : le suffrage universel direct. Et si une initiative pour l’instaurer aux Etats-Unis existe de longue date, il faudrait modifier la Constitution, ce qui n’est pas une mince affaire, compte tenu du système fédéral américain. Si l’élection se jouait au suffrage universel direct, comme dans la plupart des démocraties modernes, les petits Etats-clés, comme la Géorgie, le Nevada, l’Arizona ou la Caroline du Nord, perdraient certainement de leur attrait aux yeux des candidats à la présidence.

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