Présidentielle américaine : Joe Biden contesté dans les sondages et par son camp après son débat contre Donald Trump

L’incendie se propage dans les rangs démocrates. Un débat télévisé calamiteux face à Donald Trump a suffi pour démâter la campagne de réélection de Joe Biden. Après la sidération des premières heures, puis la panique anonyme des cadres du parti, une nouvelle étape a été franchie, mardi 2 juillet. Alors que des sondages dessinent les premiers dégâts dans l’opinion publique, des élus démocrates envisagent, sans se cacher, l’hypothèse d’un retrait de la course du président.

Le chef de file du parti à la Chambre des représentants, Hakeem Jeffries, avait invité son groupe à la retenue. La recommandation n’a pas tenu. Lloyd Doggett, élu du Texas, a ouvert les hostilités. Il a conseillé au président de prendre « la décision douloureuse et difficile de se retirer ». Personne d’autre, à ce stade, ne s’est exprimé avec autant de franchise. Marie Gluesenkamp Perez, élue de l’Etat de Washington à la Chambre dans un district trumpiste, représente la nouvelle génération démocrate. Elle a succombé à un étrange fatalisme. « Nous avons tous vu ce que nous avons vu, nous ne pouvons l’annuler et la vérité, je pense, c’est que Biden va perdre contre Trump », a-t-elle déclaré sur une chaîne locale.

La gestion de ces états d’âme par la Maison Blanche a été aussi défectueuse que le débat lui-même. Pendant cinq jours, Joe Biden n’a pas pris la peine de rassurer personnellement les chefs de file du parti, ni les gouverneurs, relais pourtant critiques. Ces derniers ne seront reçus que mercredi. Nancy Pelosi, 84 ans, élue de Californie et ancienne speaker de la Chambre, a validé les interrogations de son camp. « Je pense qu’il est légitime de se poser la question, s’agit-il d’un épisode ou d’une condition ? », a-t-elle lâché sur la chaîne MSNBC au sujet de la performance de Joe Biden lors du débat télévisé. De son côté, le sénateur Sheldon Whitehouse (Rhode Island) s’est dit « horrifié » par cette prestation. Selon lui, les démocrates veulent savoir si « c’était une vraie anomalie ou l’état dans lequel il est ces jours-ci ».

Fébrilité générale

Un autre allié de longue date de Joe Biden au Congrès, James Clyburn, 83 ans, trahissait ses propres doutes sur MSNBC. Lui qui fut, en Caroline du Sud, un avocat de Biden, en 2020, auprès de l’électorat noir, le soutient encore. Mais il semble déjà se projeter. Sa préoccupation : stopper les spéculations sur une alternative surprise en interne dans le cadre d’une convention ouverte. « Ce parti ne doit d’aucune façon faire quoi que ce soit pour contourner M^me [Kamala] Harris. Nous devons tout faire pour la mettre en avant, qu’elle soit en seconde place ou bien en tête du ticket. » Le tabou est donc levé.

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