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C’est une des figures imposées de la vie politique américaine : tous les quatre ans, des artistes apportent leur soutien à l’un des candidats à la présidentielle. Un rituel qui a plus d’un siècle : cela s’est produit pour la première fois en 1920, lorsque des stars du cinéma muet, dont Al Jolson et Mary Pickford avaient soutenu le candidat républicain Warren G. Harding.

Jeudi 24 octobre, à Atlanta, Bruce Springsteen a perpétué cette tradition, se produisant comme invité d’honneur de Kamala Harris lors d’un meeting de campagne avec Barack Obama, pour donner le coup d’envoi à une série de rassemblements intitulés « When we vote we win » (« quand nous votons, nous gagnons »). Le « Boss » se joindra de nouveau à l’ancien président lors d’un concert organisé pour la campagne de la démocrate le 28 octobre à Philadelphie. Début octobre, le chanteur et auteur-compositeur avait rejoint la cohorte des artistes qui, de Taylor Swift à Beyoncé, en passant par Billie Eilish ou George Clooney, soutiennent la candidate. L’artiste, dont la carrière s’étend sur cinq décennies, a qualifié Donald Trump de « candidat présidentiel le plus dangereux de ma vie ».

Sur le papier, le soutien de personnalités – comme Barack Obama, Bill Clinton, Bruce Springsteen, Tyler Perry, Taylor Swift, Eminem ou Beyoncé – peut aider la campagne de Kamala Harris, qui a besoin d’une coalition de votes pour réussir. Chacun de ces soutiens va cibler des groupes spécifiques d’électeurs : Bill Clinton fait campagne dans les régions rurales en Géorgie et en Caroline du Nord.

Barack et Michelle Obama sont, eux, considérés comme de véritables atouts pour la campagne démocrate afin de rallier le vote de l’électorat afro-américain et notamment celui des hommes dans des villes-clés. Le soutien de deux anciens présidents apporte de la crédibilité à la campagne de Kamala Harris et peut rassurer les électeurs sur sa capacité à diriger.

Des effets difficiles à mesurer

Pourtant, la portée de ces soutiens est difficile à mesurer. En 2008, le charisme d’Oprah Winfrey a aidé Barack Obama à remporter… la primaire démocrate face à Hillary Clinton, rappelait sur CBS News David Schultz, professeur de sciences politiques à l’université Hamline, dans le Minnesota.

Mais le soutien de Taylor Swift à Kamala Harris a eu un impact indéniable sur les inscriptions sur les listes électorales, notamment en Pennsylvanie. Alyssa Cass, analyste pour Blueprint, une société d’étude d’opinion, résumait dans The New Yorker : « Ce que [Taylor] Swift a à offrir, c’est une aura de coolitude » à la candidate.

Stephanie Burt, professeure à Harvard, qui donne un cours intitulé « Taylor Swift and Her World », tempère. Pour elle, il est difficile d’imaginer que le soutien de la chanteuse ou d’une quelconque célébrité puisse changer l’opinion des électeurs qui ont déjà choisi un candidat. « Mais elle peut rappeler aux électeurs peu engagés – en particulier les swifties, qui ont tendance à être jeunes, femmes et blanches – de s’inscrire et de voter, et la plupart de ces électeurs soutiendront probablement Kamala », relève l’enseignante. Le soutien de Taylor Swift à la vice-présidente n’a eu que peu d’impact sur les électeurs, selon un sondage Ipsos pour la chaîne ABC News : 81 % des personnes interrogées ont déclaré que ce soutien n’avait fait aucune différence dans la probabilité qu’ils votent pour elle.

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Mark Clague, professeur de musicologie à l’université du Michigan, interrogé sur New York Public Radio, confirme que si le soutien d’artistes dynamise la campagne, il détourne l’attention des vrais enjeux, et parfois compense l’absence de débat politique. Zach Galifianakis, l’un des acteurs de la saga Very Bad Trip, déclarait, en août, dans le magazine Variety, qu’à force de chercher à obtenir le soutien de stars, les démocrates finissent par apparaître déconnectés des réalités de la population américaine : « En tant que gars d’une petite ville de Caroline du Nord, j’aimerais que les démocrates prennent un peu de recul par rapport aux célébrités. Cela fonctionne jusqu’à un certain point, mais il faut qu’ils arrivent à toucher l’Amérique rurale. »

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Du côté du milliardaire républicain, les célébrités ne se bousculent pas. Seule figure d’envergure à afficher son soutien à Donald Trump : Elon Musk, l’homme le plus riche de la planète, qui a mis sa plateforme X au service de la campagne républicaine et injecté 75 millions de dollars dans la bataille. Azealia Banks, Kanye West, Kid Rock, l’ancien catcheur Hulk Hogan ou encore Lil Pump ont pris fait et cause pour le républicain, qui persiste à se présenter comme un candidat anti-establishment, alors qu’il était lui-même une célébrité, notamment grâce à l’émission de téléréalité « The Apprentice », avant de s’investir en politique.

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