Livre. La dissolution survenue, le 9 juin 2024, n’a pas seulement engendré une crise politique, elle a aussi aiguisé les appétits présidentiels. De la leader du Rassemblement national, Marine Le Pen, à l’ancien premier ministre Edouard Philippe (2017-2020) ou Laurent Wauquiez, député de la Haute-Loire (Les Républicains), en passant par le ministre de l’intérieur, Bruno Retailleau ; entre les candidats déclarés et ceux qui restructurent leurs partis, les postulants à la fonction suprême se bousculent.
Encore faut-il qu’ils franchissent les étapes leur permettant de revêtir l’habit de présidentiable. Une notion, oscillant entre l’évaluation des qualités à présider et celle de l’emporter, que décrypte Christian Le Bart, professeur à Sciences Po Rennes, dans Présidentiable ? (PUR, 120 pages, 10 euros). Un court et stimulant essai qui vise « à réfléchir sur la manière dont nos sociétés démocratiques, par la voix des commentateurs politiques et la force des institutions, construisent la présidentiabilité ».
Pour cela, le politiste appréhende cette notion et ses évolutions au travers de deux dimensions. La première, institutionnelle, tient à la manière dont l’investiture des partis, les parrainages des élus mais aussi les médias formulent des verdicts en présidentiabilité. Passant au crible ces mécanismes de présélection, Le Bart montre l’affaiblissement des partis traditionnels où la sélection naturelle – celle du leader – ne va plus de soi. Bousculés par des candidats dissidents et l’émergence de « partis-entreprises » (La France insoumise ou La République en marche), les formations partisanes ont cherché la parade avec l’instauration de primaires. Au risque de fragiliser leur rôle et de se muer en « simple arbitre de la compétition ».
Formes de légitimité
Au-delà du feuilleton médiatique et des postures, le politiste note aussi les limites du système de « cooptation » par les parrainages qui « contribue à rigidifier les frontières du champ politique ». Et rappelle à propos qu’en 2012 la commission Jospin suggérait un parrainage citoyen, plus en phase avec notre idéal démocratique.
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