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Regards vides, mains à six doigts, positions des ombres sans rapport avec les sources lumineuses : hier encore, les caractéristiques les plus évidentes des images générées par intelligence artificielle (IA) sautaient aux yeux – et n’étaient guère flatteuses. Aujourd’hui, ces aberrations se font plus rares. Pourtant, la plupart des images créées par IA conservent des caractéristiques, comme des tics visuels, qui n’échappent pas aux observateurs les plus avertis. Des éléments stylistiques récurrents qui, combinés, peuvent donner à l’œil une impression d’irréalité. Et qui s’expliquent par la façon dont sont entraînées ces intelligences artificielles.
L’intuition la plus courante, si on devait la retranscrire en mots, est l’impression de contempler l’œuvre d’un dessinateur surdoué tentant d’imiter une photographie. La raison en est documentée, au moins chez Stable Diffusion, l’une des IA visuelles les plus performantes : ses neurones artificiels ont été entraînés sur des piles d’images mêlant photos et dessins. « Notamment sur la base Laion, qui comporte 5 milliards d’images. On y trouve tout et n’importe quoi », confirme Bruno Galerne, chercheur en IA visuelles à l’université d’Orléans.
Lorsqu’on interroge Stable Diffusion avec une consigne très simple, comme « un enfant souffle ses bougies d’anniversaire », l’IA va créer une image en piochant indistinctement ses inspirations dans des photos, des dessins et des tableaux. « Il est très probable que les modèles concurrents soient aussi entraînés sur des images de nature mélangée, mais on n’en a pas la certitude absolue. Les éditeurs ne donnent pas cette information, car le sujet est trop sensible au niveau des droits d’auteur », souligne M. Galerne. Selon les constatations du Monde, les générateurs d’images Midjourney, Imagen (Google) ou Dall-E (OpenAI) ont bien tendance à produire des photos au style mêlé – à des degrés divers, toutefois.
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