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Histoires Web mercredi, décembre 25
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Livre. Marquant le retour sur le lieu de vie, de travail ou d’apprentissage, la rentrée peut être l’occasion de s’interroger à nouveaux frais sur les relations que nous entretenons aux espaces quotidiens. Et de remarquer que, dans la cour de récréation, les garçons occupent le plus souvent le centre de l’espace en se livrant à des activités sportives, tandis que les filles se trouvent reléguées aux marges du terrain ; que la température des bureaux climatisés est adaptée à la physiologie masculine ; que, dans les transports en commun, les unes prennent moins de place que les autres ; que, dans la rue, elles sont toujours en mouvement – l’occupation statique de l’espace public étant un privilège masculin.

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C’est précisément sur ce rapport différencié des genres à l’espace que se penche Nepthys Zwer, historienne de la culture visuelle, dans Pour un spatio-féminisme. De l’espace à la carte, (La Découverte, 216 pages, 22 euros). L’autrice s’emploie d’abord à dresser un vaste état des lieux et à souligner combien « les règles du jeu spatial sont au désavantage des femmes », avant de mettre en lumière les multiples canaux par lesquels les femmes sont conditionnées à accepter et à respecter ce partage inégal de l’espace, voire à le considérer comme naturel – en particulier le fait que « le langage et les connaissances géographiques ainsi produites soient tributaires d’un point de vue masculin ».

« L’espace symbolique de la carte »

Si, par volonté pédagogique, cette synthèse se laisse parfois déborder par son sujet, le propos se fait plus précis lorsque Nepthys Zwer retrace l’apport de la critique féministe à la compréhension de l’espace, de la philosophe américaine Donna Haraway à la géographe française Camille Schmoll.

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Dès lors, que faire pour infléchir l’agencement patriarcal de l’espace ? En complément des nombreux autres modes de lutte, l’autrice plaide dans la dernière partie en faveur de la pratique de la contre-cartographie, c’est-à-dire la production de cartes alternatives destinées à révéler et à contester les structures de pouvoir.

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Nourrie tant de connaissances historiques sur ses utilisations militantes et féministes que de sa propre expérience – l’autrice anime régulièrement des ateliers de cartographie collective –, elle explique comment cette subversion du pouvoir des cartes peut à la fois aider les participantes à comprendre leurs pratiques quotidiennes, faire émerger de nouvelles informations spatiales autrement difficiles à objectiver et concourir à la formulation de contre-discours efficaces. « S’inscrire dans l’espace symbolique de la carte, c’est forcer la reconnaissance de soi, c’est exister pour les autres » : les femmes et les minorités, longtemps rayées de la carte, ont donc, selon elle, tout à gagner à s’emparer de cet outil.

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