« Pour sauver l’accord de Paris, l’Europe pourrait menacer d’en sortir »

L’annonce du retrait des Etats-Unis de l’accord de Paris porte un coup terrible à la dynamique de transition climatique en Amérique et dans le monde. C’est un bras d’honneur à la planète. Contrairement à ce qui s’était passé lors du premier retrait en 2017, Trump dispose aujourd’hui de tous les leviers de pouvoir à Washington, des deux Chambres à la Cour suprême, et il pourrait très rapidement démanteler les quelques acquis réalisés dans ce domaine sous le mandat de Joe Biden. L’éolien en mer, la voiture électrique et les normes antipollution pesant sur la voiture thermique sont les premières victimes de cette retentissante marche arrière.

Il ne fait pas de doute que l’abandon de toute ambition climatique est très favorable à la prospérité économique américaine au moins à court terme, tant les politiques vertes pèsent sur les coûts de production, sur la désindustrialisation, et sur le pouvoir d’achat des ménages. Décarboner à grande échelle la sidérurgie doublerait probablement les coûts de production de l’acier. Le kérosène vert est entre 5 et 10 fois plus cher que celui issu du pétrole. Prendre les transports en commun ou son vélo, et réduire sa vitesse au volant ou son thermostat dans son appartement sont des sources de désagrément.

Beaucoup de ces actions engendrent un bénéfice net largement positif pour l’humanité, mais un bénéfice net négatif pour chacun de nos pays. Chacun voudrait que les autres fassent ces efforts tout en en faisant le moins possible soi-même, un comportement de « passager clandestin ». Et les sacrifices des pays ambitieux sur le climat sont d’autant plus sévères que les autres pays sont peu ambitieux, à cause de la concurrence déloyale que ces derniers exercent sur les premiers.

Mécanisme punitif

A long terme, tous les pays laissent tomber les bras. Le fait que l’année 2024 a encore une fois battu le record de tous les temps en termes d’émissions mondiales de CO₂ signe ce désastre collectif. Compte tenu des coûts importants de la décarbonation, il est illusoire de croire que la transition est inéluctablement lancée et que rien ne saurait plus l’arrêter.

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