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Histoires Web samedi, février 22
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Nous sommes entrés sans le savoir dans une nouvelle ère physiocratique, c’est-à-dire de gouvernement par la nature. La violence de la crise agricole et l’intensité des débats qu’elle suscite montrent combien le rapport entre l’homme et la terre sera déterminant pour notre prospérité et tout simplement pour notre survie.

A l’injonction de laisser l’agriculture aux agriculteurs, au malaise moral qui nous saisit quand intellectuels des villes et scientifiques des labos font la leçon aux travailleurs de la terre, il faut opposer que celle-ci a toujours été un objet politique. Dans les sociétés premières, les modes de culture procédaient de véritables choix collectifs, décrits par l’archéologue David Wengrow. Au siècle des Lumières, les physiocrates ont promu la modernisation économique des fermes au nom des mêmes principes qui alimenteront la Révolution française. Dans les années 1960, la révolution verte, mêlant mécanisation et produits phytosanitaires, a été menée tambour battant par le pouvoir gaulliste. La société n’a jamais laissé les paysans tranquilles…

Et ce pour une bonne raison : la terre est notre patrimoine commun. Si l’humain vient étymologiquement et métaphysiquement de l’humus, alors rien de ce qui concerne l’humus ne peut être étranger à la collectivité humaine. Comme le disait le président Roosevelt au moment du « Dust Bowl », cette tempête de poussière provoquée par le surlabourage dans l’Amérique des années 1930 : « Une nation qui détruit son sol se détruit elle-même. »

De ce point de vue, l’heure est grave : 60 % des sols européens sont dégradés, donc privés de leur fertilité naturelle. Les nappes des eaux minérales les plus profondes s’avèrent polluées, déclenchant des scandales en série. Métabolites de pesticides et polluants éternels s’invitent dans nos organismes, au risque de favoriser cancers et maladies neurodégénératives.

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La biodiversité sur les surfaces cultivées s’effondre, laissant prospérer les espèces invasives. La science dénonce aujourd’hui les impensés de la révolution verte, qui, loin de nourrir le monde, est en passe de saboter le capital naturel sans lequel aucune production alimentaire n’est possible. Heureusement, la science propose aussi une solution, que l’on retrouve aussi bien sur le site de l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae) que dans les écrits du biologiste Marc-André Selosse ou en conclusion des analyses du professeur de médecine Christian Bréchot : l’agroécologie.

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