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Histoires Web jeudi, octobre 24
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[Marc Bonomelli est journaliste indépendant, spécialisé dans l’étude du fait religieux et des nouvelles spiritualités. Auteur des Nouvelles Routes du soi. En immersion chez les nouveaux spirituels (Arkhê, 2022), il analyse dans une chronique mensuelle la spiritualité foisonnante de notre époque et la manière dont elle se réinvente. Des « néodruides » aux « soul surfers », ces nouvelles « routes du soi » semblent traverser tous les domaines, de la santé à la politique, en passant par le numérique, le développement personnel et, bien sûr, les religions.]

Je me souviens encore du regard de deux de mes amis surfeurs australiens, en 2015, lors d’une promenade en bord de Méditerranée, les yeux fixés sur les vagues que le vent, soufflant plus fort ce jour-là, soulevait et emmenait lentement vers la côte. Dans un silence méditatif, ils contemplaient la mer et semblaient surfer en esprit, s’unir à l’onde et à un mystère vers lequel ils m’emportaient par leur simple présence.

Cette scène m’avait injecté l’intuition que le surf était l’un de ces lieux où se manifestait un lien nouveau avec la nature. Une intuition largement validée depuis, notamment par le chercheur Bron Taylor, professeur de « religion et nature » à l’université de Floride, qui a mis en évidence dans ses travaux que nombre de surfeurs, qu’il nomme les « soul surfers », comprennent la nature, en particulier l’océan, comme « puissante, transformatrice, guérisseuse et sacrée ».

La nature sacrée

« Le surf, c’est carrément une pratique spirituelle ! », me résume pour sa part Stéphane Bayle, un surfeur que j’ai récemment rencontré non loin de Hossegor (Landes), ville réputée pour ses spots de surf. Pour ce pilote chez Air France adepte de la méditation immobile et silencieuse inspirée du zen, ce sport est l’occasion d’une « méditation en mouvement ».

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Mais peut-on même vraiment parler d’un sport ? Il y a plus de vingt ans, le surfeur californien Jay Moriarity (1978-2001) notait son caractère inclassable et multiple, dans son Ultimate Guide to Surfing (HarperCollins, 2001) : « Le surf s’inscrit dans toutes les catégories. C’est un art par la façon dont vous vous exprimez sur une vague. C’est un sport parce que vous êtes en compétition, et c’est spirituel parce que vous êtes seul avec Mère Nature. » Une spiritualité sans relation avec un Dieu personnel et transcendant le monde, mais perçue comme une communion avec la nature : le surf se rapproche ainsi de l’immense et mouvante galaxie des nouvelles spiritualités.

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