Si leur espoir est toujours de rentrer un jour à la maison, il y a désormais longtemps que les habitants de Marioupol ne se font plus guère d’illusions sur un retour prochain dans leur ville. En Ukraine, la communauté de Marioupol en exil se distingue même par une volonté farouche, tout en conservant son identité d’origine, d’avancer dans une nouvelle vie. Principale ville ukrainienne conquise par l’armée russe depuis l’invasion du pays, le 24 février 2022, Marioupol est devenue un symbole, d’abord d’une brève résistance acharnée – elle a été conquise le 20 mai 2022 après 86 jours de combats –, puis de destruction et de mort.
Lorsque, début août, dans le cadre de l’une de ses dernières tentatives de médiation diplomatique, Donald Trump a évoqué l’idée que Kiev concède à Moscou des « échanges de territoires », le nom de Marioupol a plané dans les esprits.
Si la question d’un abandon des régions aujourd’hui occupées par la Russie (actuellement 20 % du territoire de l’Ukraine) est forcément douloureuse, l’exemple de Marioupol illustre aussi le fait qu’il ne s’agit pas uniquement de souveraineté et de respect du droit international. Chaque kilomètre carré occupé par les troupes de Moscou est synonyme de crimes de guerre, de disparitions par milliers, de chape de plomb pour ceux qui sont restés et de déracinement pour ceux qui sont partis.
Vadym Boïtchenko, le maire de Marioupol, qui vit réfugié à Dnipro et dirige son conseil municipal en exil à Kiev, reconnaît « une situation difficile pour l’Ukraine » et dit comprendre « les impératifs politiques et diplomatiques ». Alors que les demandes du président américain ont semblé alignées sur celles de Moscou – au moins jusqu’à ce que le président russe, Vladimir Poutine, refuse de discuter du cessez-le-feu qu’espérait Washington –, M. Boïtchenko veut « s’adresser directement à Trump » : « Si un morceau des Etats-Unis était envahi et occupé par l’armée d’un pays tel que la Russie, un Etat terroriste, Trump serait le premier à dénoncer le terrorisme et à vouloir détruire l’ennemi. »
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