« Trade, not aid » (le commerce plutôt que la charité), disait le slogan en vogue dans les années 1980. Une formule brandie à l’envi par l’ancien président américain Ronald Reagan (au pouvoir de 1981 à 1989) pour résumer sa philosophie économique, en particulier vis-à-vis des pays en développement.
En 2000, Bill Clinton invoquait le même principe au moment d’instaurer l’African Growth and Opportunity Act (AGOA, « loi sur la croissance et les possibilités économiques en Afrique »), un accord visant à stimuler la croissance et à réduire la pauvreté en Afrique. Celui-ci permet à une trentaine de pays de la région d’exporter des milliers de biens en franchise de taxes vers le marché américain.
Avec Donald Trump, l’Afrique pourrait-elle entrer dans l’ère du « no trade and no aid » (pas de commerce ni d’aide) ? Après le démantèlement de l’Agence américaine pour le développement international (Usaid), dont le continent africain était le premier bénéficiaire, faut-il s’attendre à une remise en cause des préférences commerciales édictées par l’AGOA ? L’accord est censé expirer en septembre, à moins que Washington n’accepte de le prolonger, comme l’avait recommandé une commission bipartisane avant l’élection de Donald Trump. Un scénario désormais très incertain, compte tenu du credo protectionniste de l’actuel hôte de la Maison Blanche.
Inégalité profonde
Les attaques commerciales de Donald Trump se concentrent pour l’heure sur les partenaires majeurs que sont le Canada, la Chine ou l’Union européenne. Mais le président américain est « obsédé par les déficits commerciaux, ce qui en soi rend l’AGOA vulnérable », soulignait, en février, une analyse du Peterson Institute, un cercle de réflexion sur l’économie internationale, à Washington. De fait, les Etats-Unis sont en déficit vis-à-vis des pays subsahariens éligibles à ces droits de douane réduits ou nuls : environ 13,2 milliards de dollars (12 milliards d’euros) en 2023.
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