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Actuellement en mission à Gaza, Antoine Renard, directeur-pays du Programme alimentaire mondial (PAM) en Palestine, constate que l’entrée de l’aide à Gaza demeure aléatoire, malgré les demandes des Nations unies.

Un an après le début de la guerre à Gaza, à quels défis faites-vous face ?

L’ensemble de la population dépend de l’assistance alimentaire. Le PAM apporte une aide à 1,1 million de personnes sous diverses formes : repas chauds, pour environ 600 000 personnes, pain, colis alimentaires… L’UNRWA répond aux besoins d’un autre 1,1 million de personnes. Notre défi reste d’avoir accès à Gaza, et de pouvoir assurer qu’il y ait assez de nourriture, soit sur le marché grâce aux camions commerciaux, soit en appui alimentaire d’urgence. La guerre se prolonge, nous n’en voyons pas la fin, et assurer les besoins de base de la population reste incertain.

Sur place, que constatez-vous ?

Pour la plupart des Gazaouis, les journées consistent à faire la queue pour chercher de l’eau, du pain, obtenir un repas chaud dans une cuisine collective. La plupart des habitants n’ont plus de revenu. Mais, dans les familles que nous visitons, nous voyons énormément de partage.

Les Gazaouis dépendent depuis un an de produits déjà préparés, de boîtes de conserve… La diversité alimentaire d’avant la guerre a disparu, et le seul produit frais vraiment accessible est le pain. Les fruits et légumes sont extrêmement limités dans la région au sud du wadi Gaza [1,9 million de personnes]. Ils ont quasi disparu dans le Nord [où sont concentrées entre 300 000 et 400 000 personnes]. Nous demandons que l’activité commerciale soit remise en route, afin de pouvoir, avec un soutien en coupons ou en argent liquide, permettre à la population d’avoir accès à ces aliments.

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Quel est le niveau de malnutrition ?

Nous avons lancé une nouvelle enquête. La dernière [publiée en juin] indiquait que 96 % de la population était en phase de crise, en besoin d’assistance, avec un risque élevé de famine. Les flux commerciaux et l’assistance alimentaire en juillet et en août ont apporté une légère amélioration. Mais ils ont de nouveau baissé en septembre : dès que nous avons des difficultés d’accès, ces paramètres risquent de retomber dans le rouge très rapidement.

Quels sont vos accès, justement ?

Nous utilisons divers corridors – depuis l’Egypte, la Jordanie ou le port israélien d’Ashdod. Les flux varient, avec de grosses disparités. Nous avons pu faire rentrer environ 13 500 tonnes d’aide en août, contre plus de 10 000 tonnes en septembre. Une autre difficulté est que ce qui parvient au sud de la bande de Gaza ne peut pas être acheminé vers le nord, et vice-versa [la bande est coupée en deux par un corridor de l’armée israélienne]. Jusqu’en juillet, on était en capacité de soutenir la population au sud du wadi Gaza, avec des difficultés au nord. En août, on a pu fournir de l’aide aux habitants dans le nord du territoire, et beaucoup moins dans le Sud. C’est comme un robinet qu’on ouvre et qu’on ferme.

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