Ce ne sont que quatre moments de la vie d’une femme. Quatre moments en seulement quatre ans. La sidération du premier jour, le long cheminement solitaire, la décision d’affronter publiquement le pire, jusqu’au jeudi 19 décembre où la voix apaisée et confiante de Gisèle Pelicot s’est publiquement exprimée hors de l’enceinte judiciaire. Quatre moments qui ont marqué le parcours d’une femme désormais devenue un symbole dans le monde entier.
2 novembre 2020, la sidération
Ce matin-là, Gisèle Pelicot et son mari sont convoqués au commissariat de Carpentras (Vaucluse). Deux mois plus tôt, Dominique Pelicot a été surpris par un vigile en train de filmer sous les jupes des femmes dans un supermarché. Depuis, l’enquête a avancé. A 9 h 45, un agent de police judiciaire reçoit séparément Gisèle Pelicot. Sa déposition figure sur procès-verbal à la cote D40 du dossier d’instruction des viols de Mazan. Après des dizaines de questions d’apparence anodine – « A quelle heure vous couchez-vous ? Prenez-vous un traitement ? Des somnifères ? Pouvez-vous me décrire une soirée type, à domicile en compagnie de votre époux ? Vous arrive-t-il de faire la sieste l’après-midi ? » – auxquelles Gisèle Pelicot répond d’un ton détendu, léger, l’agent lui demande :
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