« Pour éviter un dérèglement civilisationnel, il est nécessaire de rendre attirant le contenu de la transition écologique »

Le futur fait peur. Les effets du dérèglement climatique qui seront irréversibles se font déjà sentir. Il était prévisible que cette peur entraîne, en Europe en juin, aux Etats-Unis en novembre, une réaction de repli. Repli sur le passé, sur la nation, sur soi, avec le refus de l’immigration. C’est sur la description d’un futur apocalyptique que Trump a assis sa campagne, tout en niant violemment la réalité de ce dérèglement.

De fait, l’enquête sur l’évolution du climatoscepticisme, publiée le 31 octobre par Le Monde, montre, d’une part, que plus la réalité du dérèglement climatique est manifeste, fait peur, plus monte le climatoscepticisme, son déni, et, d’autre part, que celui-ci est particulièrement fort auprès des personnes favorables au repli proposé par l’extrême droite. Il y a des raisons de penser que le mouvement actuel de déni/repli correspond à une réaction face au futur anxiogène du dérèglement climatique.

Mais ce déni/repli devant un futur qui fait peur va de pair avec une destruction de ce qui, au fil des siècles passés, a fondé notre civilisation : la recherche de la vérité, l’équilibre entre les pouvoirs, la démocratie. Ce double déni entraînera nécessairement une aggravation du dérèglement climatique et un chaos social. Eux-mêmes généreront une augmentation de la peur du futur… Il nous faut donc éviter l’emballement de la spirale mortifère d’un dérèglement à la fois écologique et civilisationnel, l’un alimentant l’autre.

Modifier le mode des relations dans le corps social

Pour éviter un dérèglement civilisationnel, il est nécessaire de rendre attirant le contenu de la transition écologique. En effet, la transition conduira à une diminution des biens matériels. A défaut d’être accompagnée d’un « plus » clairement et immédiatement perceptible par tous, elle sera vécue comme « punitive » et entraînera le déni/repli actuellement constaté. Puisqu’il y aura moins de biens matériels, le « plus » nécessaire ne peut porter que sur les « liens », le mode de relation.

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