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Histoires Web mercredi, mars 5
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Quand les esprits raisonnables cherchent la voie d’un partage du fardeau et des responsabilités entre les Etats-Unis et leurs alliés de l’OTAN, Donald Trump, consciemment ou non, s’emploie à réaliser les espoirs de toujours de la diplomatie soviétique, puis russe : le découplage géostratégique entre les deux rives de l’Atlantique Nord. Le tour donné à la politique étrangère des Etats-Unis correspond à la manière dont le président américain voit le monde.

Par intellectualisme, nous cherchons le soubassement rationnel d’une telle politique. Le mépris que l’Europe inspire à Trump, qui n’a d’égal que son tropisme russo-poutinien, serait, selon certains, la retombée d’une « grande stratégie » américaine : casser l’axe Moscou-Pékin et, à terme, retourner la Russie de Vladimir Poutine contre la Chine de Xi Jinping.

Une telle expectative sous-estime, selon moi, l’ampleur et la profondeur des liens russo-chinois tissés avec constance depuis la mise en œuvre de la « diplomatie Primakov », déjà, sous Boris Eltsine (1931-2007) : comment croire que Poutine renoncerait à l’appui multiforme de Xi Jinping pour gagner celui d’un président américain, locataire temporaire de la Maison Blanche ?

Diviser l’UE, lâcher l’Ukraine et Taïwan

Selon une autre version de la « grande stratégie » de Trump, l’idée directrice serait de parvenir à un triumvirat planétaire : les Etats-Unis, la Russie et la Chine se partageraient le monde en sphères d’influence. Dans une telle perspective, l’Ukraine serait une variable d’ajustement. Les férus d’histoire évoquent ainsi l’Entente des trois empereurs (le Dreikaiserbund), conclue en 1873 entre Berlin, Vienne et Saint-Pétersbourg. La référence est de mauvais augure : ce premier « système d’alliances bismarckien » et les formules qui suivirent ne parvinrent ni à stabiliser l’Europe ni à contrecarrer le jeu des forces qui aboutirent à la première guerre mondiale

Prêtons-nous à ce « jeu » intellectuel, qui n’en est pas un. Les bonnes grâces de Trump envers Poutine suffiront-elles pour que Moscou reprenne le contrôle de l’Eurasie postsoviétique et de ses confins occidentaux (l’Europe centrale et orientale) ? Voici plus de trois décennies que la doctrine russe de l’« étranger proche » a été énoncée, et la Russie n’a pu empêcher les ex-républiques soviétiques d’Asie centrale et du Caucase de prendre du champ.

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