La reconnaissance du fait nucléaire en Polynésie franchit un nouveau pas. Adopté à l’unanimité – moins l’abstention du Rassemblement national par refus de toute « repentance » –, le 10 juin, le rapport de la commission d’enquête de l’Assemblée nationale sur les essais nucléaires français dans le Pacifique a été rendu public mardi 17 juin.
De 1966 à 1996, la France a procédé à 193 essais, dont 46 atmosphériques, sous l’égide du centre d’expérimentation du Pacifique (CEP). Ces campagnes ont permis de doter le pays de l’arme suprême qu’est la bombe atomique. Mais ce, au prix d’une déstructuration profonde de la société polynésienne, ainsi que de conséquences sanitaires et environnementales majeures. « Les autorités ont estimé que la nécessité de préserver l’apparence de tirs sans risque et parfaitement maîtrisés devait prévaloir sur la protection sanitaire des populations en cas de retombées radioactives supérieures aux prévisions », rappelle le rapport.
De nombreux travaux, scientifiques, officiels, ou parlementaires, ont déjà éclairé ces évènements. En 2005, à l’heure où certaines autorités de la défense vantaient encore des « essais propres », l’Assemblée de Polynésie avait mené son propre travail d’enquête, recueillant des témoignages inédits d’anciens travailleurs civils et militaires du CEP. Son rapport avait dénoncé « l’obstruction de l’Etat », le haut-commissaire de la République à Papeete ayant tenté devant le tribunal administratif d’empêcher le lancement même de cette commission d’enquête.
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