Les Polonais tranchent le sort d’une élection présidentielle extrêmement serrée, dimanche 1er juin, dont le résultat aura des implications majeures pour la place de leur pays en Europe, mais aussi pour le droit à l’avortement et les personnes LGBT +.
Rafal Trzaskowski, 53 ans, maire pro-Union européenne (UE) de Varsovie et allié du gouvernement centriste, affronte au second tour l’historien nationaliste Karol Nawrocki, 42 ans, soutenu par le parti Droit et justice (PiS) du président conservateur sortant, Andrzej Duda. Un sondage à la sortie des urnes d’Ipsos à la clotûre du scrutin donne les deux candidats au coude à coude, créditant M. Trzaskowski de 50,3 % des voix, contre 49,7 % pour M. Nawrocki. L’écart infime entre eux, dans un sondage dont la marge d’erreur est de 2 points de pourcentage, ne permet pas encore de désigner le vainqueur, et le résultat final ne devrait être connu que lundi.
Dans la foulée, les deux candidats ont revendiqué leur victoire. « Nous avons gagné », a déclaré M. Trzaskowski aussitôt après l’annonce des résultats des sondages, tout en soulignant que cela tenait sur « un fil du rasoir ». « Nous devons reconstruire la communauté. Ces résultats montrent à quel point le scrutin est incroyablement serré. Et je crois que la première tâche du président sera de tendre la main à ceux qui n’ont pas voté pour moi », a-t-il ajouté.
« Cette nuit, nous allons gagner, nous gagnerons et sauverons la Pologne », a assuré de son côté M. Nawrocki à ses partisans. « Nous ne permettrons pas que [le premier ministre], Donald Tusk, ait tout le monopole du pouvoir. »
Les bureaux de vote ont fermé à 21 heures dans ce pays membre de l’UE et de l’OTAN, qui borde l’Ukraine et reste un fervent soutien de son voisin, agressé par la Russie. A 17 heures, le taux de participation était de 54,91 %, en hausse par rapport au scrutin présidentiel de 2020 (52,1 %).
Une victoire de M. Trzaskowski donnerait un grand coup de pouce à l’agenda progressiste du gouvernement dirigé par le premier ministre, Donald Tusk, ex-président du Conseil européen. Cela pourrait entraîner des changements sociétaux significatifs, comme l’introduction de partenariats civils pour les couples de même sexe et un assouplissement de la législation sur l’avortement, aujourd’hui quasiment interdit. Le président en Pologne, pays de 38 millions d’habitants, a le droit de veto sur les lois, et est aussi le chef des forces armées.
« Véritable choc de civilisations »
De nombreux électeurs de M. Trzaskowski soutiennent une plus grande intégration au sein de l’UE et une accélération des réformes sociales dans ce pays dont l’économie est en forte croissance. De nombreux partisans de M. Nawrocki veulent, eux, des restrictions plus strictes sur l’immigration et une plus large souveraineté de leur pays au sein de l’UE. Une victoire de M. Nawrocki renforcerait le parti populiste Droit et justice qui a gouverné la Pologne entre 2015 et 2023, et pourrait entraîner de nouvelles élections parlementaires.
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Le résultat devrait dépendre de la capacité de M. Trzaskowski à mobiliser suffisamment de supporteurs, et de la volonté des électeurs d’extrême droite de reporter leur vote sur M. Nawrocki. Les candidats d’extrême droite ont obtenu au total plus de 21 % des voix au premier tour, que M. Trzaskowski a remporté avec 31 % des voix, contre 30 % pour M. Nawrocki.