L’espoir d’un accord international visant à lutter contre la pollution plastique existe encore, mais il reste d’une grande fragilité. La séquence de négociations lancée en Suisse pour élaborer un traité a été prolongée in extremis jusqu’à vendredi 15 août, alors qu’elle devait prendre fin jeudi soir, à minuit.
« Comme les consultations sur mon projet de texte révisé sont toujours en cours, cette plénière est donc ajournée et se réunira le 15 août 2025, à une heure à déterminer », a déclaré, jeudi soir, Luis Vayas Valdivieso, le diplomate équatorien qui préside aux discussions à Genève.
Durant de longues heures d’attente, de négociations de couloir, de rencontres informelles jeudi, un chef de délégation a dit à l’Agence France-Presse (AFP) qu’il était convaincu qu’il y aura un texte « de compromis », tandis qu’un autre, venu d’un autre continent, se désespérait de ne voir « ni texte, ni mode d’emploi », craignant un échec complet de la longue discussion entamée il y a plus de deux ans à Nairobi.
Un premier texte largement rejeté
De fait, M. Vayas a subi un revers sérieux mercredi lorsque son texte de synthèse a été rejeté par la quasi-totalité de l’assemblée plénière des Nations unies réunissant quelque 185 pays. Depuis il a travaillé, directement avec les chefs de délégations régionales, pour tenter de retrouver un accord résolvant la quadrature du cercle entre les pays dits à forte ambition et ceux qui s’opposent à toute régulation forte de l’industrie du plastique, essentiellement des pays pétroliers ou producteurs de plastique.
Au cours de l’après-midi, la séance plénière annoncée le matin a été repoussée à 18 heures, 19 heures, puis 21 heures, pour finalement se tenir juste avant minuit. Elle n’a duré que quelques minutes.
Les chances de trouver un accord, après trois ans de négociations, semblent très minces, étant donné les profondes divisions qui demeurent entre les deux camps qui se sont affrontés sur le sujet. Les « ambitieux », dont l’Union européenne, le Canada, l’Australie, beaucoup de pays d’Amérique latine, d’Afrique et d’îles, veulent nettoyer la planète du plastique qui commence à la gangrener et affecte la santé humaine. En face, les pays essentiellement pétroliers qui refusent toute contrainte sur la production de plastique et toute interdiction de molécules ou additifs dangereux.
Une production de plastique qui pourrait tripler d’ici à 2060
« Le manque d’ambition dans le texte présenté [mercredi] aux Nations unies est inacceptable », a jugé le président français, Emmanuel Macron, sur les réseaux sociaux, jeudi.
Sous l’œil des représentants des industries pétrochimiques présents dans les couloirs, les pays représentés ont déjà échoué une fois à produire un texte commun lors de la dernière séquence de négociations, à Busan en Corée du Sud fin 2024.
Le sujet est d’autant plus important que la planète a produit plus de plastique depuis 2000 que durant les cinquante ans précédents, en majorité des produits à usage unique et des emballages. Et la tendance s’accélère : si rien n’est fait, la production actuelle, de quelque 450 millions de tonnes par an, devrait tripler d’ici à 2060, selon les prévisions de l’OCDE. Or moins de 10 % est recyclé.