L’économiste britannique Stanley Jevons (1835-1882) est passé à la postérité pour la découverte d’un paradoxe spectaculaire. Il a constaté que, plus on inventait des machines économes en charbon, plus sa consommation globale augmentait. Un constat qui désespère encore aujourd’hui les écologistes et renforce leur méfiance envers le progrès technique comme solution au problème du réchauffement climatique.
Le dernier rapport de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) apporte une nouvelle illustration du phénomène. Pour la première fois depuis cinquante ans, le pétrole n’a représenté, en 2024, que 30 % de la consommation mondiale d’énergie. A l’inverse, les énergies renouvelables et le nucléaire dépassent désormais les 40 % du total. Pour autant, ni la consommation de pétrole ou de charbon, ni les émissions de gaz à effet de serre, + 0,8 % toutes les deux, ne diminuent.
Multiplication des centres de données
Car, dans le même temps, 2024 a été une année record en matière de demande d’énergie dans le monde. Une partie de cet accroissement, de 2,2 %, soit largement plus que la moyenne des dix dernières années, est paradoxalement due aux nombreuses canicules qui ont dopé l’activité des climatiseurs. Plus généralement, c’est l’électrification des usages, dans l’industrie et les transports, ainsi que la multiplication des centres de données informatiques qui ont provoqué cette hausse. Ainsi, plus on électrifie le monde, notamment pour lutter contre le réchauffement, plus on crée de nouveaux usages qui accroissent la consommation.
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