Les émissions mondiales de gaz à effet de serre continuent d’augmenter et ont atteint un nouveau record en 2024. Pourtant, la responsabilité des énergies fossiles dans le changement climatique et la nécessité de diminuer drastiquement leur extraction et leur usage n’ont pas été mentionnées dans la déclaration finale de la COP30 réunie à Belem, au Brésil. Quelques jours plus tôt, le Parlement européen avait voté, grâce à l’alliance de la droite et de l’extrême droite, la loi « omnibus » qui organise un puissant recul sur le pacte vert de 2021.
Le 10 décembre, la Commission européenne devrait faire des annonces destinées à calmer la bronca des constructeurs automobiles de certains Etats membres concernant l’interdiction de la vente de véhicules thermiques neufs en 2035. Autant de reculs qui aggravent la dépendance de l’Union européenne (UE) au pétrole et au gaz qu’elle ne produit pas mais qu’elle continue d’acheter, aux biens fabriqués ailleurs, comme les petits véhicules électriques dans la construction desquels elle ne s’est pas résolument engagée et qui viennent de Chine, laminant chaque jour notre industrie. L’incapacité de l’UE à anticiper les bifurcations technologiques et les reconversions industrielles est confirmée une fois de plus.
La France et l’ensemble des Etats membres sont désormais enfermés dans un cercle vicieux : plus nous tardons à verdir notre industrie, plus notre perte de souveraineté s’aggrave. Parce qu’elle continue à disposer de coûts de main-d’œuvre bas, qu’elle a pris une avance considérable dans la production et l’usage des énergies renouvelables, et qu’elle a récemment redirigé une partie de sa production vers l’Europe, la Chine rend la réindustrialisation verte de celle-ci terriblement complexe. Elle l’entrave doublement, en produisant et en nous inondant de biens à bas prix, et en ayant la haute main sur les minerais et terres rares ; qui sont les composants essentiels des technologies vertes et dont nous ne disposons pas. Nous sommes donc désormais, géopolitiquement, commercialement et technologiquement, sous la menace conjuguée de plusieurs empires.
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