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Un torrent déferlant sur Annonay (Ardèche), des voitures submergées, des pompiers en combinaison de plongeur : six départements ont fait face, jeudi 17 octobre, à des pluies « exceptionnelles » allant jusqu’à 650 millimètres dans certaines zones de l’Ardèche. Un phénomène amené à se répéter avec le changement climatique, rappelle Aurélien Ribes, chercheur à Météo-France au Centre national de recherches météorologiques.

Cet épisode de fortes précipitations est-il remarquable ?

Les cumuls les plus forts sont observés à ce stade en Ardèche, sur le relief des Cévennes. Ils ont atteint localement de 600 à 700 mm en quarante-huit heures, dont environ 500 mm en vingt-quatre heures, ce qui est exceptionnel. Il n’y a que très peu d’épisodes d’intenses précipitations qui dépassent les 500 mm en une journée, même dans la région des Cévennes, celle qui connaît le plus fréquemment ce genre de phénomènes.

Ce qui est également remarquable, c’est l’étendue des territoires touchés, avec trente-trois départements placés en vigilance orange pour des pluies et inondations et six en vigilance rouge jeudi soir [dix-huit restaient concernés par une vigilance orange vendredi matin]. On attend dans certains départements de la moitié nord de la France entre 30 et 50 mm de précipitations, qui vont tomber sur des sols déjà saturés en eau, en raison du passage de la tempête Kirk la semaine dernière.

Quelle est la cause de ce phénomène ?

Comme souvent pour ce type de phénomène, une dépression provenant de l’Atlantique a fait remonter une masse d’air chaud et humide qui vient du sud. Dans les Cévennes et les Alpes-Maritimes, cela a donné lieu à ce que l’on appelle un « épisode méditerranéen ». En heurtant les reliefs qui bordent la Méditerranée, l’air s’est élevé et s’est refroidi. Il a donc commencé à condenser, pour former des gouttelettes d’eau, et déclenché un phénomène de convection, c’est-à-dire des mouvements ascendants très rapides jusqu’à environ 10 000 mètres d’altitude, qui provoquent des orages. Le relief facilite le maintien des cellules orageuses au même endroit, ce qui peut donner des cumuls de précipitations très importants.

On vit en quelques mois une séquence de plusieurs épisodes remarquables de fortes précipitations. Avant Kirk, il y avait aussi eu les inondations exceptionnelles dans la vallée d’Aspe, dans les Pyrénées-Atlantiques, en septembre, et la crue qui avait ravagé la Bérarde (Isère) fin juin. Une partie de l’Europe centrale a également été fortement touchée ce mois de septembre. Cette série interpelle, mais elle est cohérente avec le tableau clinique attendu du changement climatique.

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