Depuis la dissolution de l’Assemblée nationale, convoquée au soir des élections européennes par Emmmanuel Macron, le 9 juin 2024, la France vit une crise politique inédite, dont le dernier acte en date est la démission du premier ministre, Sébastien Lecornu, lundi 6 octobre, moins de vingt-quatre heures après la nomination de son gouvernement.
Et s’il s’agissait d’un « poison français » ancien ? Pour l’historien de la Révolution Pierre Serna, les secousses actuelles sont le dernier avatar d’un gouvernement d’« extrême centre », transitoire et susceptible de mener à l’autoritarisme.
Qu’est-ce que l’« extrême centre » et comment avez-vous forgé cette notion ?
Je considère que nous faisons constamment référence à une modernité politique qui est née pendant la Révolution, quand nous sommes devenus républicains. L’éventail des possibles républicain est pour moi tout entier contenu dans cette période entre 1789 et 1804.
En étudiant la Révolution, moi qui ai grandi avec l’idée que le problème français réside dans le fait que les idéologies de gauche et de droite sont tellement marquées qu’il n’y a pas de culture du compromis, je me suis rendu compte qu’il y avait un impensé. Un espace qui, à partir de la république thermidorienne, en 1794, va structurer et, à mon avis, être tout aussi important que la droite et la gauche : l’extrême centre.
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