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Ils sont présents dans l’air, les sols, l’eau, les aliments : l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) a formulé dans deux rapports publiés mercredi des recommandations pour mieux contrôler les composés per- et polyfluoroalkylées (PFAS), aussi appelés « polluants éternels », prônant d’étendre le champ des contrôles de ces composés chimiques persistants.

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Pendant deux ans, les services de l’agence ont compilé « près de 2 millions de données relatives à 142 PFAS pour lesquels des mesures ont été réalisées ». « On les a complétées par d’autres substances pour lesquelles on a trouvé des informations sur leur présence dans des sous-lots de contamination ou sur des données de toxicité qui n’existaient pas dans les bases de données ou dans la littérature qu’on avait collectées », a expliqué Nawel Bemrah, coordinatrice du groupe de travail sur les PFAS.

Utilisés par l’industrie dans de nombreux objets pour leurs propriétés antiadhésives, imperméabilisantes ou leur résistance à la chaleur, les PFAS sont extrêmement persistants dans l’environnement et ont pour certains des effets délétères sur la santé.

Identifer les PFAS les plus préoccupants

En tout, l’agence propose « une stratégie de surveillance pour 247 PFAS » au total, sur les milliers de molécules existantes de cette famille. Pour définir cette stratégie, elle a établi un « score » pour chacune des molécules étudiées, basé sur les données disponibles d’occurrence et de toxicité.

Car si la restriction de l’usage de ces molécules, comme le font certains pays dont la France, est « une priorité pour limiter leurs émissions », « face à une famille de substances aussi vaste et hétérogène, identifier les plus préoccupantes est un élément majeur pour optimiser les dispositifs de surveillance », souligne l’Anses.

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Parmi ses principales recommandations, l’agence prône une extension de la liste de 20 PFAS qui seront contrôlés en France dans l’eau du robinet à partir du 1er janvier 2026, avec l’ajout de cinq PFAS supplémentaires, dont l’acide trifluoroacétique ou TFA.

« Le TFA a été intégré parce qu’il répond à des enjeux de santé publique. Il a une forte occurrence essentiellement dans l’eau, et en plus certaines études ont révélé qu’il se retrouvait également dans le sang humain », a argumenté Mme Bemrah.

Cette molécule à ce stade non réglementée, matière première dans la production de produits phytosanitaires ou pharmaceutiques (antidiabétiques, antiviraux, anti-VIH, thérapies anticancéreuses…) et dont la toxicité est en cours d’évaluation par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), est le PFAS « le plus retrouvé » dans l’eau du robinet, selon un rapport d’enquête de l’association Générations futures publié en février.

Autre recommandation de l’Anses, alors que seuls quatre PFAS (PFOS, PFOA, PFHxS, PFNA) sont réglementés à l’échelle européenne dans certaines familles d’aliments (poissons, crustacés, œufs, viande), l’agence recommande d’étendre la surveillance à plus d’une vingtaine de PFAS en tout et de contrôler d’autres types d’aliments comme les céréales, les fruits et légumes, le miel, le sucre et les aliments pour enfants.

Les Français autant contaminés que les Européens

Concernant la contamination des populations, « les teneurs moyennes en PFAS qui ont été mesurées dans le sang de la population française sont du même ordre de grandeur que celles mesurées chez nos voisins européens », que ce soit chez les enfants ou chez les adultes, selon Céline Druet, directrice adjointe de l’Anses, chargée de l’évaluation des risques. Les niveaux relevés se situent, là encore en moyenne, « en dessous des seuils sanitaires » existants, a précisé Mme Bemrah.

Les travaux menés par l’Anses ont également permis d’établir « des trous assez conséquents » dans la connaissance des PFAS : « Dans l’air, dans le sol, dans les poussières, il n’y a pratiquement aucun élément de surveillance » en France, a déclaré Matthieu Schuler, directeur général délégué du pôle sciences de l’Anses pour l’expertise, lors de la présentation des rapports.

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L’Anses recommande par ailleurs d’enquêter sur d’autres sources de contamination, comme les matériaux au contact des denrées alimentaires ou au contact de l’eau, les matériaux de construction, entre autres. Enfin, l’agence recommande d’acquérir des connaissances sur les expositions professionnelles en s’appuyant notamment sur les travaux de l’Institut national de recherche et de sécurité. Cet institut, financé par une dotation de l’Assurance-maladie, a lancé fin 2024 une grande enquête à ce sujet, qui doit livrer ses résultats d’ici fin 2025.

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Le Monde avec AFP

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