TFA. Trois lettres qui menacent la potabilité de l’ensemble des ressources en eau. L’acide trifluoroacétique (TFA) ne contamine pas seulement les fleuves, les rivières et l’eau du robinet. Issue principalement de la dégradation de certains pesticides, la plus petite molécule de la famille des PFAS (substances per- et polyfluoroalkylées) – ou polluants éternels – s’est également immiscée dans les eaux minérales en bouteille, dont les sources sont pourtant censées être protégées de toute forme de contamination.
Sur dix-neuf échantillons d’eaux minérales prélevés dans sept pays européens, dix présentent des traces de TFA, selon les résultats d’analyse publiés mardi 3 décembre par le réseau Pesticides Action Network Europe. Et parfois à des concentrations élevées. Pour sept échantillons, les niveaux dépassent le seuil réglementaire, fixé à 0,1 microgramme par litre pour l’eau potable.
Avec 3,4 µg/l, le record revient à l’eau minérale naturelle Villers, commercialisée en Belgique, et dont la source se trouve en Wallonie. C’est 34 fois plus que la limite réglementaire. Contacté par Le Monde, le groupe Sources Alma, propriétaire de la marque Villers, indique la sécurité sanitaire de son eau n’a « jamais été remise en cause par les autorités de contrôle » et qu’elle « appuie la demande de la filière européenne des eaux embouteillées pour l’élimination progressive des produits et applications à base de TFA, et générant du TFA, en tant que mesure politique essentielle pour protéger et préserver la qualité des ressources en eau ».
Perturbateur endocrinien
Avec 0,4 µg/l, Vittel, l’une des eaux minérales les plus consommées en France, se situe elle quatre fois au-dessus du seuil. Contacté, Nestlé Waters, qui commercialise la marque, assure que « Vittel peut être bu et a toujours pu être bu en toute sécurité ». Le géant agroalimentaire suisse soutient que la limite de 0,1 µg/l ne concerne pas le TFA au motif qu’il ne ferait « pas partie des métabolites pertinents de pesticides » auquel s’applique ce seuil.
Sauf que depuis septembre, le flufénacet, un herbicide massivement utilisé en Europe et qui se dégrade dans l’environnement en TFA, a été reconnu officiellement comme un perturbateur endocrinien par l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA). En conséquence, pour la Commission européenne, « le TFA est considéré comme un métabolite pertinent » en raison de sa « toxicité préoccupante » pour le développement. Le seuil de 0,1 µg/l doit donc lui être appliqué.
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