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Dans un épisode de la série américaine This Is Us (Prime Video), qui suit au fil des années une famille de fiction, la toute jeune Kate Pearson, 18 ans, est sauvée des griffes d’un amoureux toxique par sa mère et ses frères. Ils débarquent dans le chalet où les jeunes amants passent le week-end et expulsent manu militari le sale type qui malmène émotionnellement leur Kate chérie.
La situation est limpide : le Marc en question est pervers et manipulateur, la jeune Kate est fragile et manque de confiance en elle. Ses frères et sa mère la tirent d’affaire et elle leur en est reconnaissante, même si elle restera durablement affectée par cette liaison. Mais, voilà, This Is Us a beau être ma grande passion du moment, et j’ai beau passer autant de temps avec ses personnages qu’en compagnie de mes enfants, cela n’en reste pas moins une fiction, avec les limites scénaristiques que cela comporte. Dans la vraie vie, les situations sont rarement si faciles à démêler, et si tranchées.
Peut-on intervenir dans les fréquentations de ses enfants ? Dans quelles circonstances, et à quel moment ? Avant toute chose, il peut être utile de s’interroger. Pourquoi suis-je tenté d’intervenir ? Si c’est parce que je n’aime pas les pulls de Noël du copain de mon fils, ou qu’il chante trop fort et mal des morceaux du rappeur Damso, ce n’est pas une raison valable. Ni même si je trouve qu’il parle mal, ou qu’il est malpoli, ou parce qu’il rapporte des paquets de chips pour le goûter et les mange la bouche ouverte. Je caricature, bien sûr, mais l’idée est là : mieux vaut éviter de confondre mauvaises fréquentations et altérité, de se comporter en censeurs de nos propres enfants, même si leurs choix nous déplaisent.
L’école, « leur endroit à eux »
La bonne frontière, à mon sens, est celle de la mise en danger. L’amitié de mon enfant lui fait-elle courir un risque ? Le spectre est large. Il peut s’agir d’un danger psychique comme physique, d’un mal-être qui s’installe, d’une appréhension, de conduites à risque. Autrement dit, comme le formule la thérapeute familiale Nicole Prieur, avec laquelle j’ai discuté de cette question, ce qui devrait dicter notre comportement est « une volonté de protection, et non d’intrusion ».
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