L’Arabie saoudite, la Russie et six autres membres de l’OPEP+, qui avaient commencé en avril à rouvrir les vannes du pétrole, ont annoncé une nouvelle forte hausse de production en juillet, samedi 31 mai. Ils vont sortir de terre 411 000 barils supplémentaires par jour, comme en mai et juin, selon un communiqué, soit trois fois plus que ce qui était initialement prévu.
Outre l’Arabie saoudite et la Russie, l’Irak, les Emirats arabes unis, le Koweït, le Kazakhstan, l’Algérie et Oman ont consenti ces dernières années à des réductions volontaires additionnelles pour un total de 2,2 millions de barils quotidiens. Avec pour objectif de doper les prix.
Ils avaient décidé en début d’année d’une réintroduction progressive, mais, au printemps, ils ont décidé d’accélérer le rythme. Ce revirement a provoqué une chute des cours de l’or noir à environ 60 dollars le baril, au plus bas depuis quatre ans.
L’OPEP+ « a frappé trois fois : mai était un avertissement, juin une confirmation et juillet un coup de semonce », a commenté Jorge Leon, analyste de Rystad Energy, pour l’Agence France-Presse. « L’ampleur de l’augmentation de la production reflète plus que la dynamique interne de l’offre », estime-t-il. « Il s’agit d’un ajustement stratégique à visée géopolitique : l’Arabie saoudite semble se plier aux requêtes » de Donald Trump.
Peu après sa prise de fonctions, le président américain avait demandé à Riyad de produire davantage pour faire baisser les prix de l’or noir et, par ricochet, les prix à la pompe pour les consommateurs.
Pression sur les pays dépassant leurs quotas
Cette décision intervient après une réunion, mercredi, de l’ensemble des 22 pays membres de l’OPEP et de ses alliés. Les ministres avaient alors confirmé leur calendrier de production, remettant à la fin de 2026 la réduction des coupes collectives et laissant aux huit membres les plus audacieux le soin de mener la danse.
Officiellement, ces pays justifient leur décision par des « fondamentaux de marché sains comme en témoignent les faibles réserves de pétrole » à travers le monde et une croissance de la demande structurelle durant les mois d’été.
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Mais cette explication est accueillie avec scepticisme par le marché au vu des inquiétudes sur la demande globale dans un contexte de guerre commerciale lancée par les Etats-Unis. Outre l’effet Donald Trump, l’Arabie saoudite, pays dont la voix compte le plus au sein de l’OPEP+, mettrait en fait la pression sur les membres dépassant leurs quotas, en faisant, par cette stratégie, chuter les prix et donc fondre leurs profits.
La hausse était d’autant plus probable « au vu des dernières déclarations du ministre de l’énergie kazakh, Yerlan Akkenzhenov, qui aurait apparemment déjà informé l’OPEP que son pays ne réduira pas la production », explique Thu Lan Nguyen, analyste chez Commerzbank.
« L’Arabie saoudite est en colère contre le Kazakhstan », principal réfractaire, « qui a produit 300 000 barils par jour de plus que son quota », souligne Bjarne Schieldrop, analyste chez SEB.
Les observateurs ne prévoient pas pour autant une débâcle des cours à la réouverture des marchés lundi, car l’annonce « semble déjà largement intégrée », selon les experts qui s’attendent à une réaction « modérée ».