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Quels sont les points communs entre les luttes écologistes victorieuses ? Alors que les tribunaux administratifs continuent à se pencher sur les autorisations environnementales de l’autoroute A69 entre Castres et Toulouse ou sur les multiples projets de mégabassines, le collectif Terres de luttes et la revue écologiste Silence publient, mercredi 4 décembre, une étude balayant 162 mobilisations depuis dix ans. Un document qui s’appuie sur des dizaines d’entretiens avec des activistes qui se sont opposés, pêle-mêle, à l’installation de nouvelles routes, de méthaniseurs, d’hypermarchés, de golfs ou de surfparks. « La majorité d’entre eux sont des néomilitants, mais il y a une politisation qui se crée au fur et à mesure du combat. Beaucoup des collectifs qui se sont déployés en Occitanie ont ainsi rejoint la lutte contre l’A69 », estime Gaëtan Renaud, chargé de l’enquête et lui-même adhérent de Terre de luttes.

Si le document est un plaidoyer pro domo qui affirme, par exemple, que ce « mouvement social a désormais bien conscience de lui-même, et que ses victoires contribuent à la structuration des prémisses d’un réseau décentralisé », il décrit néanmoins des convergences intéressantes. Si la majorité des luttes n’aboutissent pas à l’annulation d’un projet ou son déménagement (plus de 600 conflits sont recensés par le site Reporterre), ces 162 combats victorieux ont des points communs.

Dans 54 % de ces conflits, le collectif à la manœuvre est né avec cette lutte. Il s’agit donc d’une initiative ancrée localement. Seulement 16,1 % s’appuient sur une association locale antérieure et à peine 9, 7 % sur une association nationale ou régionale. Ainsi, en janvier 2019, dans le village de Fournès (Gard), deux habitants avaient été intrigués lors des vœux municipaux par le projet d’un « hangar à camions » devant s’implanter à 200 mètres du village. Au bout de plusieurs années, l’Association pour le développement de l’emploi dans le respect de l’environnement (Adere) avait réussi à faire reculer Amazon, dissimulé derrière le promoteur Argan. « A la base, ce sont souvent des gens très différents qui se rencontrent, un pharmacien, une éducatrice sportive, un bûcheron pour défendre un lieu. Après il faut aussi des apports extérieurs, car les projets peuvent être d’une grande technicité », poursuit M. Renaud.

« Jongler entre les modes d’action »

Que ce soit pour lancer des recours juridiques, pour décrypter les promesses de retombées économiques ou pour mettre en lumière les dégâts environnementaux, le besoin de bénéficier d’expertises pointues est un des autres traits caractéristiques. Ainsi, lors du conflit contre la « Montagne d’or » en Guyane, les opposants avaient pu échanger avec des anciens salariés de l’entreprise SystExt, spécialisée dans l’extraction. « Il y a souvent la nécessité de faire appel à des ressources extérieures comme des associations de référence, telle France Nature Environnement, analyse Gaëlle Ronsin, maîtresse de conférences en sociologie et chercheuse à l’Ecole normale supérieure, autrice d’un article très complet publié dans la revue VertiGo en mars (“Sociohistoire des victoires contre les infrastructures écocidaires”). Lorsque l’on se penche sur ces conflits, on s’aperçoit aussi qu’il y a ensuite une multitude de moyens d’action différents… »

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