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Cette fois, ce ne sont pas des scientifiques ou des associations qui alertent, mais les inspections générales de trois ministères. Dans un rapport commun de près de 600 pages, demeuré confidentiel et dévoilé vendredi 15 novembre par le média en ligne Contexte, les inspecteurs rattachés aux ministères de l’agriculture, de la santé et de la transition écologique dénoncent le mauvais état des ressources hydriques françaises et la dégradation générale de la qualité de l’eau potable, pour cause de contamination généralisée par les pesticides et leurs produits de dégradation (ou « métabolites »).

Pour un minimum de dix millions de Français – et sans doute beaucoup plus –, la qualité de l’eau du robinet n’est plus garantie, du seul fait de cinq substances. Bien d’autres ne sont pas encore recherchées. « Sans mesures préventives ambitieuses et ciblées, la reconquête de la qualité des eaux est illusoire », préviennent les inspecteurs.

L’Inspection générale des affaires sociales, l’Inspection générale de l’environnement et du développement durable et le Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux constatent sans fard « l’échec global de la préservation de la qualité des ressources en eau pour ce qui concerne les pesticides ».

Abandon de 12 500 captages d’eau potable

Entre 1980 et 2019, ce sont 12 500 captages d’eau potable qui ont été abandonnés. Initialement, ces fermetures ont été principalement le fait de l’abandon de certains équipements, ou de pollutions uniquement ponctuelles, mais « les pollutions diffuses constituent désormais le principal motif de fermeture », constate le rapport.

La France ne compte guère désormais que 33 000 captages, note la mission : « Ces abandons de captages pour des problèmes de qualité réduisent les ressources en eau disponibles pour l’alimentation en eau potable, ce qui peut conduire à des situations tendues, notamment en période estivale. » Or, avec le réchauffement et l’appauvrissement de certaines ressources, le maintien en service des captages devient un enjeu crucial, ajoutent les inspecteurs.

La situation est probablement plus inquiétante que celle décrite dans le rapport, puisque bon nombre de métabolites – en particulier les résidus fluorés comme l’acide trifluoroacétique (TFA), un « polluant éternel » – ne font pas encore l’objet d’une surveillance systématique.

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Les lacunes de la réglementation pointées par les inspecteurs sont nombreuses. Pas de suivi des pesticides et de leurs métabolites harmonisé au niveau national, cadre communautaire flou, enchevêtrement des responsabilités entre agences de l’eau, agences régionales de santé, distributeurs et collectivités, absence de prise en compte de tous les métabolites de chaque pesticide au moment de sa mise sur le marché, absence d’évaluation des effets sanitaires des mélanges de pesticides…

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